Fermenteur : dans quoi fermenter ma bière ?
On s’intéresse souvent à nos cuves de brassage lorsqu’on se lance dans le brassage de bière. Pourtant, la clé de la réussite d’une bonne bière c’est la fermentation. J’aime souvent reprendre cette bien-connue adage qui dit que le brasseur ne fait que du moût, les levures font de la bière. Cela illustre bien à quel point, la maîtrise de la fermentation est déterminante. Quelles sont les principales options qui s’offrent au brasseur amateur qui produit généralement 20-25 litres par brassin ?
Le seau plastique avec robinet
Son gros avantage, il est économique et il peut s’utiliser franchement longtemps. C’est le fermenteur de monsieur tout le monde, sa vanne est très pratique en bas pour transférer, collecter et mesurer des densités. Le petit trou du haut est parfait pour les barboteurs. Bref, il est quand même pas mal. L’inconvénient c’est que c’est du plastique donc légèrement poreux et non hermétique à l’oxygène. Cela n’est pas particulièrement handicapant pour la plupart des bières mais si tu brasses des bières très houblonnées ça peut le devenir. Il faut par contre préciser qu’il ne faut pas prendre n’importe quel seau en plastique, les fermenteurs plastiques sont généralement apte au contact alimentaire d’une part et souvent donné pour des températures de contact plutôt haute, ce qui peut permettre d’utiliser son fermenteur à d’autres moment comme lors de la filtration par exemple.
La bonbonne en plastique avec vanne
A l’américaine ! La bonbonne communément appelée carboy aux USA est plutôt sympa pour fermenter sa bière. L’ouverture supérieure est généralement plus élargie que dans une dame-jeanne ce qui est tout de même plus pratique notamment pour le nettoyage ! J’aime bien ce type de produit parce que je peux voir ce qu’il se passe pendant la fermentation, où en est mon kraüsen, est-ce que la fermentation progresse bien. L’inconvénient évidement, c’est qu’il faut par contre le stocker dans une pièce ou un placard où le contact avec la lumière est mineure comme il est transparent.
La dame-jeanne en verre
En récupération ou en neuf, la dame-jeanne en verre c’est plutôt le top pour faire des expérimentations de fermentation etc. Son gros avantage c’est que c’est du verre donc c’est parfaitement lisse et hermétique. Pas d’oxygène et une surface facilement nettoyable, c’est la compagne idéale des fermentations funky avec des bretts. Stockée dans le fin fond d’un placard ou d’une cave de préférence, elles peuvent aussi être utile pour des IPA bien houblonnées car plus isolante que le plastique. Par contre, il faut porter une attention particulière à la protection lumineuse comme elles sont souvent claires.
Quasi indispensable avec la dame-jeanne, un tuyau pour siphonner voire carrément un auto-siphon pour être tranquille. D’ailleurs, je récupère souvent une bonne quantité de bières en soutirant par le haut comme ça par rapport à une évacuation latérale par robinet.
Le fermenteur plastique conique
C’est vrai qu’en brasserie professionnelle, les fermenteurs sont coniques alors pourquoi pas à la maison ? Le plus connu des fermenteurs coniques en plastique c’est le fastferment et c’est vrai que pour faire la décoration de l’appartement, c’est plus sexy qu’un vulgaire seau en plastique. Mais quel intérêt pour ses fermenteurs ? En fait, ce type de fermenteur est intéressant pour faire de la récupération de levure voire même, et plus simplement, pour se débarrasser des levures en fin de fermentation et garder la bière en garde. Cela permet ainsi d’éviter une autolyse en supprimant la levure ayant sédimentée. Le scénario classique serait : « oh mince j’ai pas le temps d’embouteiller là je pars pour 6 semaines à Taïwan ». Tu flush rapidement ta levure et tu pars en vacances tranquille. Séduisant finalement non ? Le gros inconvénient en revanche, c’est le volume de l’objet qui occupe un certain espace.
Le fermenteur inox plat
C’est comme un seau en plastique mais c’est de l’inox ! Du coup, c’est parfaitement hermétique à l’oxygène, à la lumière et en plus ça se nettoie facilement. Attention par contre à ce pas y aller avec le côté vert de l’éponge, le côté abrasif pour rayer le fermenteur qui deviendrait poreux et créerait des niches à bactéries. Pour moi c’est le meilleur rapport qualité-prix notamment grâce à sa durabilité.
Le fermenteur inox conique
Il présente l’avantage d’un matériau professionnel et durable à vie et l’intérêt du fermenteur conique présenté ci-dessus. Le top, certain fermenteur comme le Grainfather propose une double valve pour collecter directement de la bière au dessus de la lie.
Le fermenteur inox thermo-régulé
Là ça se complique mais on se rapproche d’une unité professionnelle. Grâce à un refroidisseur à côté, on fait circuler du glycol pour monter ou baisser la température du moût dans le fermenteur. Ainsi, on maîtrise au degré prêt sa fermentation et on peut même se permettre, en plus d’être en capacité de faire des lagers, de carrément faire des floculation à froid (cold crash) pour clarifier sa bière en fin de fermentation. C’est particulièrement précieux dès lors qu’on ajoute des trucs dans le fermenteur, que ce soit du houblon ou des fruits.
Voir le fermenteur coniqueL’alternative tout aussi efficace et bien moins onéreuse consiste à récupérer un vieux frigo et à le réguler avec un inkbird. Il n’y a plus qu’à mettre son fermenteur à l’intérieur.
Le fermenteur inox thermo-régulé et pressurisable
Nous voilà en fin d’article avec le must du must, le fermenteur pressurisable mais là on parle d’équipement que même la plupart des professionnels en France ne se sont pas payés. Tout simplement parce qu’il faut un fermenteur trois fois plus cher mais aussi une ligne de conditionnement trois fois plus chère également derrière. Et oui ! Ce n’est pas la même chose d’embouteiller de la bière plate et d’embouteiller de la bière pétillante. Même au niveau amateur, cela signifie qu’il faut acheter un remplisseur à contre-pression, une bouteille de gaz et surtout disposer d’un fermenteur inox qui supporte la pression. Ce fermenteur tel qu’ils sont présentés chez les pro n’existe pas car même si la folie peut déjà nous emmener à investir dans un Grainfather Conical, un tel fermenteur qui supporterait la pression serait vraiment beaucoup trop cher pour un usage domestique. Surtout qu’en fait, on peut s’amuser pour un prix beaucoup plus abordable avec un contenant inox de 19L qui permet également de se servir de la bière en pression. Je veux bien entendu parler du soda keg ! De nombreux hack sont désormais disponibles pour les brasseurs amateurs afin de fermenter sa bière directement dans le soda keg. Derrière, le brasseur peut pressurer sa bière directement dans le fût et décider de son sort final qu’il souhaite l’embouteiller ou la transférer dans un autre fût fin de la servir. Un solution existe même pour tout réaliser dans le même fût, et cela nous vient des USA, le Clear Beer Draught System. En revanche, si vous réalisez tout dans le même fût, notez qu’il faudrait quand même se limiter à 15L de bière par soda keg pour laisser un espèce vide suffisant à la fermentation sur le fût. Bref, c’est un système qui mériterait un article à part entière, je ne détaille pas plus aujourd’hui. Voici les composants que j’évoque dans le paragraphe :
Voir soda keg
août 26, 2020 at 10:11 am
Bravo Thomas pour le comparatif des solutions de fermentation.
J’ajoute mon retour concernant l’utilisation des fermenteurs cylindroconiques avec régulation chilly de grainfather. Nous en avons acheté deux pour nos test il y a environ 1 ans car nous réalisons des lagers qui nécessite une régulation de température adéquate. Dans l’ensemble les fermenteurs sont bien conçus et la régulation fonctionne correctement. Par contre le chilly a du mal à refroidir les fermenteurs en dessous des 6°C, ce qui est dommage pour un matériel à ce prix la. Donc pour une garde à froid digne de se non, il faudra repasser.
Si cela peut aider quelqu’un.
Hugo de la https://labrasserieduroi.com/