Acheter de la bière au supermarché. Qui s’engraisse le plus ?

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Ah les grandes surfaces ! On les fréquentes tous et il est toujours très compliqué de comprendre ce qui se cache derrière les différentes marques présentes en rayon. En participant au reportage de France Télévision en mai 2017, je me suis rendu compte qu’il est en réalité impossible sans éclairage de comprendre ce qui se cache derrière une étiquette de bière dans un supermarché. Pour clarifier tout ça et pour faire suite au reportage de France 5, petit décryptage.

Ce qu’il faut savoir sur les bières de supermarché

Épluchons ensemble les bières proposées dans le rayon bière d’un Carrefour Drive en ce mois d’Octobre 2017. Le rayon est assez représentatif de ce que l’on retrouve dans tous les supermarchés en dehors peut-être de Monoprix qui dispose d’une gamme bières locales et bières indépendantes un peu plus étoffée en général.

Lorsque tu achètes une marque de bière, quel groupe s’enrichit en réalité ? C’est pas évident d’y voir clair.

Des centaines de bières, 3 grands groupes

C’est génial, parce qu’en Juillet, Le Monde a justement décidé de parler une nouvelle fois de la concentration du marché de la bière. Ils avaient déjà évoqué le sujet en 2014, mais il existait alors 4 grands groupes. Depuis et après la fusion du numéro 1 avec le numéro 2, il n’existe plus que 3 grands groupes :

  • AB InBev : 404 bières
  • Heineken : 297 bières
  • Carlsberg : 729 bières

A lui seul, le numéro 1 mondial AB InBev représente près de 30% des litres de bière vendus dans le monde. A eux trois, ils représentent plus de 70% des bières vendues en France.

Revenons dans notre rayon Carrefour pour prendre un exemple concret. Dans notre rayon, voici comment les marques se divisent. Bien entendu, quand on est sur la fiche d’une bière, on ne te dit pas que la Despé, c’est Heineken alors comment savoir ?

AB InBev

  • Goose Island : microbrasserie US rachetée en 2011
  • Leffe : marque phare du groupe
  • Hoegaarden : bière blanche phare du groupe
  • Corona : lager blonde de soif phare du groupe
  • Cubanisto : bière aromatisée du groupe
  • Karmeliet (Boostels) : rachetée en 2017 par le géant
  • Budweiser : la bière n°1 au USA

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Heineken

  • Heineken : forcément
  • Affligem : bière d’abbaye du groupe
  • Desperados : bière aromatisée du groupe
  • Pelfort : une autre lager du groupe
  • 33 Export : bière « de luxe » du groupe (oui ça s’appelle vraiment comme ça)
  • Fisher : marque française du géant
  • Adelscott : la bière au whisky
  • Mort Subite : marque pour laquelle Heineken communique comme « bière artisanale »
  • Lagunitas : microbrasserie US rachetée par Heineken

Carlsberg

  • Carlsberg : forcément
  • Kronenbourg : la bière de luxe traditionnelle du groupe
  • 1664 : les gammes light lager de Kronenbourg
  • Skoll : bière aromatisée du groupe
  • Brooklyn : n’est pas propriétaire (Kirin a 24%) mais est distribué par Carlsberg en France

Marques partagées Carlsberg / Heineken

  • Grimbergen : Carlsberg gère la France, Heineken la Belgique

Les autres moins gros mais gros… groupes

Ils sont beaucoup plus petits que les 3 géants mais pèsent quand même très lourd dans le portefeuille mondial avec, eux-aussi, de nombreuses marques. Il s’agit notamment de :

  • Duvel Moortgat (Duvel, Chouffe, Maredsous) : groupe brassicole belge
  • Guinness (groupe Diageo) : distribuée en France par Kronenbourg
  • Bavaria (Bavaria, 8.6…) : groupe brassicole néerlandais
  • Asahi (Asahi, Tsintao, Peroni, Pilsner Urquel, Grolsch…) : groupe brassicole japonnais
  • Kirin (Kirin, Brooklyn à 24%, San Miguel à 48%)
  • Brasserie Haacht (Charles Quint, Tongerlo…)

Les brasseries indépendantes traditionnelles

Fort heureusement, il existe quand même quelques exceptions, des bières d’entreprises françaises restées familiales ou non qui produisent aujourd’hui de grandes quantités de bières mais sont restées indépendantes. C’est le cas de :

  • Castelain (Nord) : Jade, Ch’ti
  • Brasseurs Gayant (Nord) : Goudale, Triple Secret des Moines, Belzebuth
  • Paulaner : brasserie traditionnelle bavaroise
  • Saint Sylvestre : 3 monts (Nord)
  • Duyck : Jenlain (Nord)
  • Pietra (Corse)
  • Brasserie Dubuisson (Belgique) : Bush, Saison Surfine, Cuvée des Trolls
  • Brasserie Dupont (Belgique) : Saison Dupont, Moinette
  • Brasserie Huyghe : Delirium, Guillotine
  • Brasserie Saint Bernardus (Belgique)
  • Brasserie Lindemans (Belgique)
  • Brasserie Van Honsebrouck (Belgique) : Kastel
  • Brasserie Fuller’s (UK)

Les vraies bières monastiques

Il y a aussi un truc marrant dans les supermarchés, ce sont les bières d’abbaye qui n’ont de monastique que le nom (Leffe, Grimbergen, Affligem). En revanche, il y a de véritables brasseries monastiques, c’est le cas des bières dîtes trappistes :

  • Abbaye de Scourmont : Chimay
  • Abbaye de Westmale : Westmale
  • Abbaye d’Orval : Orval
  • Abbaye de Rochefort : Rochefort

Les brasseries indépendantes considérée comme « craft »

Enfin, pour terminer, il y a les brasseries indépendantes qui sont généralement considérées comme brasserie craft. On retrouve à ce jour en France très peu de bière de cette catégorie. Les brasseries françaises de ce type sont encore trop petite ou ne souhaite pas travailler avec les Grandes Surfaces par déontologie. Généralement, on retrouve :

  • BrewDog : brasserie craft écossaise
  • Page 24 : brasserie artisanale du Nord
  • Green Flash : brasserie « indépendante » américaine

Et puis c’est tout ! Triste pour les consommateurs n’est-ce pas ?

Attention aux marques de bières sans brasserie

Attention également aux marques de bières sans brasseries que l’on retrouve souvent dans les linéaires. Ce sont des marques de bière uniquement car l’entreprise ne dispose pas de brasserie. Elle fait produire la bière sous contrat. On peut notamment citer :

  • Rince Cochon
  • Kekette
  • Levrette

 

Bref, je voulais écrire cet article pour que les choses soient plus claires, que tu saches réellement à qui tu donnes ton argent. Ainsi, tu peux faire ton choix en ayant toutes les informations dont tu as besoin. L’article n’a pas été écrit pour être moralisateur ou quoique ce soit. Je suis le premier à acheter de la bière en supermarché, n’ayant pas les moyens de ne boire, et de ne faire boire à mes amis, que des bières artisanales. J’ai aussi mes marques industrielles favorites, j’engraisse aussi la besogne de ces grands groupes. Simplement, je suis content de savoir qui j’engraisse lorsque j’achète mon pack de bière et je suis certain que toi aussi tu es super content d’en savoir tout autant désormais.

 

 

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A propos de Thomas

Dès sa plus tendre enfance, Thomas a été un enfant choyé par ses proches et amis. Il est important de savoir que "Bartom", son pseudo, vient de sa fréquentation assidue des bars. Voir la description complète de Thomas→

5 commentaires to “Acheter de la bière au supermarché. Qui s’engraisse le plus ?”

  1. Perso je n’achète aucune bière industrielle, ni pour moi, ni pour les potes. Quand je suis pas en mode dégustation (qd même 80% du temps), je bois une bière des brasseries du coin (BBP ou de la Senne). Pour les soirées, je peux aller en supermarché mais ça sera pour choper des bières de chez Dupont ou Blaugies.

    • Thomas BARBERA a dit :
      octobre 11, 2017 at 12:42 pm

      Le choix en Belgique sur les produits traditionnels est quand même plus sympa. Après, c’est la simplicité du format pack de 24 bouteilles qui me fait parfois acheter un pack. Et forcément si tu faisais un pack de Saison Dupont, le prix grimperait très vite beaucoup plus haut.

  2. Lorsque j’allais a des soirées chez des amis (qui ne connaissait rien aux bonnes bières) j’achetais quand même des bières indé de brasserie du coin pour faire découvrir. Mais quand j’ai vue ces gens boire la bière au gulot totalement ivre. Je me suis mis à acheter de la superbock… même effet 😀

    • C’est exactement ça ! A moins de brasser souvent et beaucoup à ne plus savoir qu’en faire. Il vaut mieux prévoir un pack de bières industrielles pour une soirée arrosée. Dommage qu’on n’est pas plus de bières industrielles allemandes quand même en pack. Parce que même au niveau indus en France, c’est pas la folie.

  3. Super article, qui devrait être partagé à des tas de gens qui n’ont aucune idée de tout cela. Bravo

    Pour ma part à Paris, en supermarché, je peux trouver de la Goudale assez facilement, Jeanlain et Chimay (même si pour celle ci les prix de la bouteille 33cl varient beaucoup : de 1,5€ à plus de 2€

    Sinon moi en terme de « distributeur », c’est surtout le passage de saveur-biere.fr chez AB Inbev qui m’a le plus déçu. Boycott depuis.

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