Le phénomène « Indie » se démocratise pour les bières indépendantes !

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Grosse actualité en ce mardi 27 Juin, tandis que c’était dans l’air depuis longtemps, l’American Brewers Association vient de créer un logo pour permettre au consommateur de différencier une bière produite par une brasserie indépendante d’une prétendue ‘craft beer’.

C’est une nouvelle historique dans le monde de la bière artisanale mondiale. L’association de brasseurs indépendants la plus influente du monde vient de lancer son écusson.

En France, les brasseries indépendantes devraient avoir leur logo prochainement

Ceux qui nous suivent le savent sans doute déjà, la France dispose depuis quelques mois une association des brasseurs indépendants, le Syndicat National des Brasseurs Indépendants. Cette association dispose notamment pour grand objectif de créer un label de reconnaissance des bières artisanales produites en France par une brasserie indépendante. Nul doute qu’étant donné la volonté ferme de lutter contre les fausses bières artisanales, qu’elles soient produites par des industriels ou par des sociétés commerciales, le SNBI suivra très certainement l’initiative américaine.

A moins que comme aux USA, le débat ne traîne années après années.

Aux USA, il aura fallu + de 20 ans pour créer un label

Il semblerait que la création de ce nouveau label ait été évoquée la première fois en 1994.

Finalement, le nouveau logo se formalise aujourd’hui en 2017 avec une bouteille renversée.

Julia Herz de la Brewers Association explique la signification de ce logo :

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Le côté renversé de la bouteille est clairement représentatif de ce qu’ont fait les petites et indépendantes brasseries artisanales sur la scène brassicole américaine. Elles ont renversé les choses, ramené le localisme dans le mouvement brassicole, nous ont ramené vers des bières de goûts et une variété de choix parmi des milliers de brasseries contrairement à des centaines précédemment.

Le terme « Craft beer » est mort, l’appellation « Indie beer » s’impose !

En 2016, nous avions justement réalisé un vlog pour dire que le terme « craft beer » était désuet. Plusieurs éléments entérinent aujourd’hui le terme ‘independant beer’ qui prend désormais une place prépondérante dans la communication de l’association des brasseries américaines.

La chute du terme ‘craft’ a démarrée lentement en même temps que les petites brasseries indépendantes américaines croissaient. Parties en tant que microbrasseries, nombreuses d’entres-elles n’avaient gardé d’artisanales que l’appellation. Bien que la traduction du terme craft ne soit pas intrinsèquement artisanale, on se rapproche tout de même de l’idée du fait-main.

Après une érosion lente et douce du terme, le coup de massue a été porté par les grands groupes industriels qui, via leurs rachats ou leurs marques premium, ont commencé à utiliser le terme ‘craft beer’. Or, en 2015 la justice américaine avait protégé la marque industrielle Blue Moon qui s’était fait poursuivre pour avoir utilisé le terme sur ses bouteilles. Un victoire qui a, d’après moi, achevé le terme ‘craft breweries’.

Le terme indépendant est universel !

Le seul point commun entre le pionnier milliardaire Sierra Nevada et une nano-brasserie perdue en Savoie, c’est l’indépendance.

C’est un déterminant qui est à la fois présent dans la définition américaine d’une bière artisanale mais également en droit fiscal européen. Le droit fiscal européen qui a notamment inspiré les associations françaises, anglaises et italiennes de ce qu’est une brasserie indépendante d’après eux. Tous s’accordent désormais à dire qu’une brasserie indépendante d’un groupe industriel l’est jusqu’à 200 000 hectolitres de bières produits par an.

Aux Etats-Unis, le quota est de 7 millions d’hectolitres de bières produits par an.

Vers une segmentation du terme brasserie indépendante

Du coup, c’est génial pour le consommateur, le terme qui réunit la plupart des véritables producteurs de bières non macro-fabricants et non soumis à leur influence est désormais le terme indépendant. Malgré celà, il existe de nombreux profils différents de brasseries. Voici les différents termes qui s’imposent et qui mériteraient eux aussi d’être plus clairs partout dans le monde :

Brasserie artisanale ou bien Artisan Brewery ou bien Microbrasserie

En France, c’est très clair pour nous puisque la Chambre des Métiers et des Artisans établit de façon légale ce qu’est un artisan. En sachant qu’en pratique, beaucoup de brasseries se proclament artisanales sans en avoir légalement le droit. Car pour être une brasserie artisanale en France il faut :

  • disposer de moins de 10 employés à la création
  • être inscrit depuis plus de 3 ans à la Chambre des Métiers et des Artisans
  • avoir été créée par un brasseur ayant plus 3 ans d’expérience dans le métier ou doit disposer d’un salarié artisan-brasseur

Voici les décrets relatif à la qualification artisanale et relatif à l’utilisation commerciale du terme artisan.

Pour sortir du cadre légal, l’ancrage d’une brasserie dîtes artisanale est majoritairement locale bien qu’elle exporte aussi une partie de sa production dans une zone élargie (eg. France, Côte Ouest USA) voire même à l’international dans certains cas.

Aux USA, une microbrasserie produit maximum 17 600 hectolitres, ce qui comprend déjà la plupart des brasseries indépendantes françaises. En France et en Europe, bien qu’il n’existe pas de volumétrie légale, on peut considérer qu’une microbrasserie l’est encore jusqu’à 10 000 hectolitres.

Brasserie indépendante non artisanale

C’est une brasserie familiale ou une brasserie avec quelques années d’ancienneté voire une brasserie avec une croissance exponentielle (Beavertown par exemple).

Cette brasserie a industrialisé ses processus de fabrication, les dirigeants ne sont généralement plus responsables de la production.

En Europe, une telle brasserie produit entre 10 000 hectolitres et 200 000 hectolitres annuels. On peut notamment citer la brasserie Lancelot (~30 000 hectolitres / an), une des premières microbrasseries françaises ou même les vieilles brasseries du nord, familiales et toujours indépendantes, comme Jenlain (110 000 hectolitres / an). En Angleterre, ce type de brasserie indépendante non artisanale commence à se démocratiser.

Aux USA, ce type des brasseries est encore beaucoup plus fréquent étant donné que le marché est bien plus mature. La fourchette est aussi beaucoup plus large puis qu’une ‘regional brewery’ produit entre 17 600 hectolitres par an et 7 600 000 hectolitres.

Il n’existe pas vraiment de terme sexy pour désigner ce deuxième type de brasserie qui devrait avec les années être de plus en plus commun.

 

En tout cas, voici une bien grande nouvelle qui devrait aider les consommateurs à savoir ce qu’ils achètent. Un simple logo pour les protéger des brasseurs industriels jouant avec le terme ‘craft’ mais aussi des bières mensongères sociétés n’ayant pas d’unité de fabrication propre en France. En espérant donc que celà fasse des émules en France et ailleurs dans le monde.

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A propos de Thomas

Dès sa plus tendre enfance, Thomas a été un enfant choyé par ses proches et amis. Il est important de savoir que "Bartom", son pseudo, vient de sa fréquentation assidue des bars. Voir la description complète de Thomas→

5 commentaires to “Le phénomène « Indie » se démocratise pour les bières indépendantes !”

  1. Stéphan a dit :
    juillet 2, 2017 at 2:58 pm

    « brasserie indépendante d’un groupe industriel l’est jusqu’à 200 000 hectolitres de bières produits par an. »….c est contradictoire d être indépendant et de faire partie d une groupe….pour moi faut être indépendant juridiquement c est à dire actionnaire majoritaire

  2. quentin a dit :
    juillet 4, 2017 at 3:22 pm

    Génial, hate qu’on ait un label de ce type en France !

  3. Stéphan a dit :
    juillet 7, 2017 at 9:56 pm

    Euh non je voulais dire qu il n y a aucun rapport entre les hl produits et les actionnaires d une entreprise, exemple :
    1) brasserie juridiquement indépendante qui détient 100% de son capital mais qui produit plus de 200 000 hl par an = brasserie non artisanale
    2) brasserie dont le capital est détenu à 90% via une holding par une multinationale ou un groupe mais qui produit 50 000 hl par an = craft beer
    Mouai pas convaincu

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