Brasseurs de France à la dérive !

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Que va-t-il advenir de l’Association des Brasseurs de France ? Le bateau est en pleine dérive suite à la récente création d’une association représentant les brasseurs indépendants. La perte de représentativité nationale est un constat frappant que l’association semble avoir du mal à accepter.

La croisière s’amuse

En France, il existe depuis toujours (1880) une seule association représentant l’ensemble de la profession brassicole. Son nom est Brasseurs de France et sa mission est d’unir les producteurs de bière afin de défendre leurs intérêts communs d’une part et mais aussi de promouvoir l’ensemble de la filière d’autre part.

Un paquebot en pleine dérive !

Problème, le marché change rapidement avec cette satanée révolution brassicole et il existe aujourd’hui de nombreuses petites brasseries indépendantes. Des microbrasseries qui représentent aujourd’hui 95% de l’effectif brassicole français pour seulement 2 à 5% de la quantité de bière produite. Si l’ensemble des producteurs produisent en effet une boisson alcoolique à base de malt et de houblon, c’est bien la seule chose qui les rapprochent. Le métier mais surtout les intérêts sont clairement divergents. Partant de ce constat clair et indiscutable, il parait évident que les brasseurs indépendants devaient disposer d’une association représentant leurs intérêts, c’est en ce sens qu’est née en Avril 2016, le Syndicat National des Brasseurs Indépendants.

Le solide paquebot de l’amiral Loos, président de l’Association des Brasseurs de France, se retrouve alors déséquilibré tandis que des dizaines de microbrasseries ont décidé de quitter le navire pour sauter dans un zodiac, plus petit, rapide et flexible. Pour ces petites nouvelles entreprises, il parait vital d’être mobile et réactif. Tandis que la France voit son effectif brassicole exploser pour dépasser récemment les 800 brasseries sur son territoire, le gros paquebot de Brasseurs de France ne dispose plus que d’une petite centaine de brasseries résidentes. Ceci marque clairement une dérive dans son objectif et sa mission de rassembler les producteurs de bière. Un dérive que l’association a beaucoup de mal à accepter puisqu’en effet, ce fondement est sa raison d’être.

Touché, coulé ?

Touché en plein cœur, l’association semble réagir comme une bête blessée. A ce jour, je ne vois personnellement que deux issues pour remettre le navire sur le droit chemin :

  1. L’association assume cette dérive et le fait qu’elle représente les grands brasseurs
  2. L’association n’assume pas cette dérive et on se dirige vers une guerre navale de représentativité politique assez ridicule

La nouvelle étant encore assez fraîche, on semble se diriger vers la seconde option. Le paquebot qui naviguait lentement depuis de nombreuses années semble avoir subitement passé la vitesse supérieure.

A l’ordre du jour lors de la dernière réunion du 10 Juin 2016 :

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  • Accélération des projets de label ‘Bière de France’ et ‘Bière Artisanale de France’
  • Accélération de la réalisation du guide des bonnes pratiques de la profession
  • Accélération du projet de programme de formation et de certification pour exercer l’activité de brasseur

Je suis… brasseur de France !

Une des pierres angulaires du Syndicat National des Brasseurs Indépendants d’après son communiqué de presse est de travailler sur un label pour promouvoir l’image de la bière artisanale française.

Tandis que les micro-brasseurs résidant à l’Association des Brasseurs de France ont tenté de pousser pour encourager la création d’un tel label depuis des années, il a fallu que ces derniers quittent ladite association pour que le projet de label Bière de France ne se concrétise. La France se dirige ainsi vers la création de deux labels dédiés aux bières artisanales françaises et d’un label dédié au bière de France en général. Trois labels très similaires pour plus de confusion. Belle riposte de Brasseurs de France ! Les consommateurs seront totalement confus, la représentativité de l’association est sauvée, les producteurs de bière quant à eux, pâtiront du manque de consistance de la démarche.

Notons également qu’un brasseur industriel tel qu’AB-InBev pourra certainement déclarer ses marques produites sur le sol français comme Bière de France malgré la propriété belgo-brésilienne du groupe.

Prémisse d’un diplôme de brasseur obligatoire ?

Il y a quelques mois, notre maître houblon Pierre interrogeait les lecteurs sur les possibilités des brasseurs industriels pour tuer le mouvement révolutionnaire de la bière. Sa conclusion prend aujourd’hui tout un sens. D’après notre expert juridique, ce mouvement sera difficile à arrêter car même si les grands brasseurs continuent d’acheter à coup de millions les meilleures brasseries artisanales, les barrières à l’entrée du marché sont tellement minces qu’il y aura toujours de nouvelles brasseries émergentes.

Alors évidemment, il est dans l’intérêt des brasseurs industriels de contrôler, d’épaissir les barrières à l’entrée. D’où la création de diplômes, de certifications de brasseurs.

Une accélération d’un projet dont on parle depuis quelques années désormais. Rappelez-vous lorsque lorsque l’ancien capitaine du navire Philippe Vasseur n’avait pas hésité à parler de « bière de salle de bain » pour qualifier certaines productions artisanales.

Les brasseurs artisanaux auront-ils les épaules assez solides ?

Beaucoup en France se sont enthousiasmés de la création d’une association des brasseurs indépendants, plus cohérente à l’identité et aux intérêts des micro-brasseurs. Dans mon article annonçant la création de cette nouvelle organisation, j’affirmais mon plus grand soutient à cette initiative tout en alertant sur la difficulté de mener à bien cette opération.

Les brasseurs artisanaux ont décidé de quitter le gros paquebot pour sauter sur des zodiacs mais lorsque le gros paquebot accélère, cela fait de grosses vagues et il ne sera pas si simple pour les petits brasseurs de rester à bord du zodiac avec de telles déferlantes.

Malgré cela, les petits brasseurs sont nombreux, mobiles et motivés. Pour mener à bien le projet et disposer d’une véritable unité représentative publiquement, les micro brasseurs devront avoir les épaules solides car on ne va pas les laisser faire.

Une des autres grandes interrogations qui m’habite est de tenter de deviner ce qu’il en deviendra de Brasseurs de France dans 5 ans, dans 10 ans. Continueront-ils désespéramment à faire croire qu’il représente l’ensemble des producteurs de bière français ? Auront-ils le courage d’assumer leur position de lobbying politique pour les brasseurs industriels ? Quelle sera leur réelle influence si le SNBI prend du pouvoir ? Peuvent-ils toujours exister avec une raison d’être (l’union) totalement illusoire ? Pour ceux qui doute encore du caractère lobbyiste de l’ABF, sachez que depuis Décembre 2015, les grands brasseurs disposent de 65% de droit de vote à l’association tandis que les brasseurs de moins de 200 000 hl ne disposent que de 35% de droit de vote au sein de l’association.

Image à la une: PhotosNormandie sur Flickr

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A propos de Thomas

Dès sa plus tendre enfance, Thomas a été un enfant choyé par ses proches et amis. Il est important de savoir que "Bartom", son pseudo, vient de sa fréquentation assidue des bars. Voir la description complète de Thomas→

2 commentaires to “Brasseurs de France à la dérive !”

  1. Article très intéressant mais tellement mal écrit. Par pitié, merci de vous relire. Il en va de votre crédibilité.

    • Merci TC pour ton message. En effet, il y avait pas mal de fautes. J’ai effectué un petite relecture aujourd’hui. Je dois admettre que notre webzine est totalement amateur et que, par faute de temps d’une part, et de compétences d’autre part, nos écrits ne prétendent pas être de la qualité des récits journalistiques.

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