Les petites fermes à houblon explosent !
Aux États-Unis, le phénomène de réaction à la pénurie de houblon n’aura pas tardé. De nombreuses fermes à houblon sont en train d’être créées pour faire face à la demande internationale croissante en houblon. Un retour en force des petites fermes pour des bières de plus en plus orientées vers le terroir.
Il y a 1 an tout juste, nous vous relations le danger vis à vis d’une demande internationale en houblon qui explose et une offre qui ne peut pas réagir aussi rapidement. Cette année 2016 a justement été marquée par une véritable pénurie de houblon. La cause, la plus grosse région mondiale de croissance de houblon, la Yakima Valley a subit des conditions climatiques difficiles qui ont entraînées une récolte en forte baisse. Seulement 30% du houblon récolté habituellement a été cueilli créant une pénurie sur des variétés très utilisées telles que le Centennial par exemple.
Face à cette triste nouvelle, les brasseurs artisanaux se sont dans un premier temps sentis désemparés avant que finalement, le marché ne se régule par lui-même petit à petit. Cette année 2016 est clairement l’année de la renaissance des micro-fermes à houblon. Un phénomène qui touche autant la France où de nombreuses houblonnières régionales sont en projet, que le pays père de la révolution de la bière artisanale, les Etats-Unis. Forbes écrivait un papier la semaine dernière sur l’explosion des petites fermes de houblon dans l’État de New York. Un État n’étant pas spécialement connu traditionnellement pour ses fermes à houblon mais où la culture brassicole est très importe. On n’hésite notamment pas à distinguer les West Coast IPA des East Coast IPA dont New York est le moteur. L’État de New York se crée donc petit à petit son propre terroir avec un retour marquant au localisme à l’aide de ces nouvelles fermes.
Souvent, le monde brassicole considère le houblon comme le terroir de la bière : le nombre de variété, l’importance du sol étant comparables aux différentes grappes de raisins que l’on retrouve dans le vin (cépages). Partout dans le monde, on fait pousser de plus en plus de houblon, en plus petite quantité pour répondre à une demande essentiellement locale.
Aux Etats-Unis, le nombre de petites parcelles à houblon est passé de 29 787 en 2011 à 44 882 en 2015 d’après Hops Growers of America. Rappelons que les USA produisent 42% de la demande internationale tandis que l’Allemagne produit 33% du houblon mondial. Dans l’État de New York, la croissance des terres de houblon est de 65% entre l’année 2014 et 2015 pour grimper jusqu’à 250 parcelles. Une renaissance due à la demande brassicole en hausse mais également au soutien des pouvoirs publics de l’État qui incite les brasseurs artisanaux à acheter le houblon local.
Finalement, il est assez amusant de voir comment ces petites fermes s’organisent. Faire pousser le houblon, monter les infrastructures etc, n’étant finalement qu’une partie du travail. La récolte est un tout autre challenge étant donné le caractère périssable des cônes de houblons s’ils ne sont pas séchés assez rapidement. Plusieurs métiers se distinguent ainsi dans l’agriculture houblonnière. Le parallèle avec le vin est tellement marquant avec la création de petites fermes en charge de faire pousser le houblon et la création de plus grosses structures en charge de transformer les fameuses lianes d’or vert en produit commercialisable (compression du houblon sous forme de pastille). De véritables coopératives agricoles très comparable aux coopératives viticoles que vous connaissez certainement très bien. De là à imaginer la création de nouvelles coopératives à houblon en France dans les années à venir ? L’avenir nous le dira, mais tous les voyants sont au vert.
En France, nous souhaitons bonne chance à tous les projets de houblonnières locales mais aussi à l’association Houblon de France, notre Hops Growers of American en devenir ? Il sera assez amusant de voir comment notre terroir houblonné va renaître dans les années à venir.
Source: Forbes
Image à la une: Dieter Hawlan
juillet 3, 2016 at 7:44 pm
Merci des infos!
Je me pose justement des questions relatives à l’origine des houblons présents dans les bières européennes. La présence d’un houblon d’origine américaine implique-t-elle d’office que le houblon a été cultivé aux US? Et donc une culture génétiquement modifiée?
Parce que, et c’est ceci qui m’intéresse particulièrement, cela mettrait la quasi totalité de la filière artisanale européenne dans le paradoxe de proposer à la population de ‘boire mieux’ (pour faire simple) tout en utilisant des houblons génétiquement modifiés.
La Brasserie Verzet a récemment sorti la ‘Super NOAH’ pour ‘NoAmericanHops’ et je sais que c’est une problématique dont est aussi consciente la Brasserie de la Senne mais je n’ai jamais entendu de réflexion claire et étalée à ce sujet…
Si vous avez plus d’infos ce serait super!
Denis
juillet 4, 2016 at 10:05 pm
Bonjour Denis,
Intéressante cette question. Tout ce qui est produit sur le sol américain est alors génétiquement modifié ?
Je n’étais pas au courant de ça.
juillet 6, 2016 at 6:43 pm
Ce n’est pas évident d’avoir les chiffres, par contre au vu des % pour le soja, maïs, colza (avoisinant les 90% de cultures GM à chaque fois) je me dis qu’on devrait plus se poser la question.
Pourquoi une économie aussi florissante que celle du houblon échapperait-elle à cette logique ?
juillet 4, 2016 at 2:37 pm
Pour l’heure, à ma connaissance, il n’existe pas de variétés de houblon génétiquement modifié.
La plupart des houblons américains sont cultivés… aux Etats-Unis. Même s’il y a un peu de Cascade et Columbus en Alsace, d’autres variétés en Espagne, Italie, dans des quantités limitées.
Cette notion de terroir est appelée à devenir un enjeu dans les années à venir. La demande croissante (presque une brasserie crée par semaine en France, 1,6 par jour aux USA parait-il) fait qu’il faudra quelques années de plantation à travers le monde pour faire retomber la pression. En attendant, il faut s’attendre à des tensions sur les prix et la qualité et des difficultés d’approvisionnement pour les brasseurs européens avec les variétés US.
A noter, la brasserie de l’Etre, à Paris, dans le XIXe, qui a fait le choix de ne pas utiliser de houblons US et s’approvisionne uniquement en Alsace. Y compris pour son IPA.
juillet 4, 2016 at 10:06 pm
Il me semble que De la Senne en Belgique a une approche similaire n’est-ce pas?
juillet 6, 2016 at 7:28 pm
Merci de l’info, je me renseigne de ce pas sur la Brasserie de l’Etre!
@Thomas : Yep la Senne reste sur des alsaciens et estoniens il me semble