La contre-attaque des lagers !
Tandis que les ventes de lagers déclinent depuis des décennies, les brasseries artisanales commencent à produire à nouveau des lagers, bien entendu, non pasteurisées. Les lagers artisanales peuvent-elles rattraper leur retard sur les ales ?
Il y a quelque semaines, je lisais un excellent article de Beer Advocate sur un phénomène qui en est certainement à ses balbutiements, la contre-attaque des lagers. La jeune histoire de la bière n’est finalement qu’un chassé-croisé entre ales et lagers. Alors pourquoi pas une nouvelle domination des lagers d’ici 20-30 ans ?
Après un retour fracassant des ales guidées par l’India Pale Ale, j’ai également l’impression que les lagers vont faire leur retour en force. A l’heure actuelle, on connait trop les lagers sous leurs formes traditionnelles (houblons nobles, adjuvants…) mais je suis certain qu’à terme on pourra coordonner la buvabilité des lagers avec la créativité de nos brasseries indépendantes. Finalement, le Baltic Porter est le meilleur exemple de Lager avec beaucoup de goût. Il suffit simplement que les brasseries se lâchent et sortent des sentiers battus. Après tout, le petit succès de Gens de la Lune de la brasserie artisanale de la Pleine Lune n’est-il pas un magnifique exemple ?
Ne serait-il pas logique de voir plus de lagers ou, au moins, de styles hybrides telles que les ales avec une garde à froid (Cream Ale, Altbier, California Commons…). Finalement, la France ferait un beau clin d’œil à son terroir et ses Bières de Garde. Rappelons que le mot garde de nos fameuses bières de garde fait référence à une garde à froid (lagering) qui a pour but de rendre la bière plus propre. En effet, à froid les particules se séparent avant de tomber avec le temps au fond de la cuve de fermentation. Le résultat, une bière plus « propre ». Qui dit plus propre, dit également dit également moins de place pour les défauts qui ressortiront forcément plus. Il existe donc réellement un risque à brasser des bières plus propres.
Mais en dehors de ce risque, rien ne limite la créativité des brasseurs. C’est un travail plus difficile, plus subtil mais après tout, pourquoi ne serait-on pas aussi créatif avec une lager qu’avec une ale ? Cela nécessite plus de maîtrise clairement, mais j’imagine que d’ici 30 ans, le niveau des marchés français et internationaux seront bien au-delà du niveau actuel. On voit chaque année les productions artisanales progresser énormément en qualité et l’augmentation de la concurrence obligera indéniablement les brasseries à produire mieux, de toute évidence.
Et sinon, de votre côté, quelle est la meilleure lager que vous n’ayez jamais dégustée ? Quelle est votre type préférée de lager ?
Cette deuxième est tout particulièrement intéressante car, lorsque les différents types de ales sont bien connues des amateurs de bières, je les aperçois souvent commander « une lager s’il vous plait ». Pourtant le champ des possibles est tout aussi large que celui des ales, il existe des lagers amères, des lagers douces, des lagers torréfiées, les lagers ambrées, des lagers très chaleureuses, des lagers très légères. Il est grand temps de redorer le blason des lagers. Les brasseries industrielles l’ont bien trop sali. Pourtant, le potentiel des lagers couvées par nos artisans-brasseurs est immense. Surtout que la demande est là ! Après tout, pourquoi originellement, les amateurs de bières préfèrent-ils la bière ? Car c’est une boisson rafraîchissante et facilement buvable.