Présentation de la Brasserie Pleine Lune
Chabeuil, à quelques encablures de Valence, c’est là que Benoit y a posé ses valises, ou plutôt ses cuves, en 2011. La fusée de Tintin trône fièrement sur le rond-point à quelques mètres du bâtiment abritant la brasserie, comme pour signaler aux amateurs de bonnes bières, que l’objectif Pleine Lune est bientôt atteint. Et pourtant l’imposante structure métallique rouge et blanche n’est pour rien dans le nom donné à la brasserie. Le hasard fait parfois bien les choses.
Avant cela, Benoit officiait déjà dans le milieu brassicole puisque pendant 8 ans il a travaillé à la brasserie artisanale de la Drome, Markus Bière. C’est donc avec un sérieux bagage technique qu’il s’installe à son compte en créant sa propre brasserie. La première année, Benoit travaillera de manière stakhnoviste pour produire 120hl (12.000 litres) principalement sur 3 bières, la blonde « L’Universelle », l’ambrée « Lunik » et l’IPA « Aubeloun ».
5 ans plus tard, la brasserie compte à présent 2 employés de plus (et bientôt 3), pour une production de 1.200hl (120.000 litres) avec une gamme qui s’étend sur une quinzaine de bières.
Aujourd’hui on brasse la triple, George qui s’occupe normalement de la production n’est pas présent aujourd’hui. C’est donc Benoit qui maniera le fourquet. Mais la journée commence mal, une pièce clef pour la phase de filtration est en réparation et l’empatage ne peut pas être lancé sans l’assurance que la pièce sera bien prête au moment fatidique. Un message sur le répondeur du soudeur et il est temps de refaire un café pour accompagner les croissants. Le portable vibre sur la table, le soudeur confirme que la pièce est prête, reste juste à la faire venir au plus vite à la brasserie. Un rapide coup de fil au stagiaire pour lui dire de faire un petit détour avant de venir travailler et le tour est joué. On va pouvoir lancer l’empatage. Les sacs de malt ont été chargés dans le réservoir du moulin, l’eau la cuve d’eau chaude (qui tourne quasiment en continu) est transférée dans la cuve d’empatage. C’est le moment de lancer le moulin !
Dans un ronron un peu assourdissant, le malt concassé tombe dans la cuve. L’agitateur est démarré afin de bien mélanger le tout et éviter les amalgames. Mais ça ne fait pas tout, alors Benoit sort le fourquet et brasse le mélange en rythme.
Une fois tout le malt en cuve, on va le laisser se reposer. Un léger brassage de temps en temps sera suffisant. Le stagiaire est arrivé avec la pièce. Une brève inspection du filtre et c’est tout bon, on peut la mettre en place pour l’étape suivante. Mais ce n’est pas pour tout de suite, il faut laisser à l’amidon du malt le temps de se transformer en sucre. Alors comme il y a toujours quelque chose à faire dans une brasserie, l’équipe se lance dans l’étiquetage des bouteilles et dans la mise en carton. Sylvain est arrivé depuis un moment et après le traditionnel petit café, il planifie les livraisons de la journée. Il va falloir jouer du Fenwick aujourd’hui.
L’empatage est terminé, il faut maintenant transférer le mout dans la cuve d’ébullition et lancer le rinçage des drèches. Les pompes se mettent en marche, et alors que je m’attendais à nouveau à ce qu’un bruit assourdissant envahisse le hangar… rien. Seul un très léger ronron était perceptible. Le mot d’ordre à la brasserie, limiter le bruit au maximum. Le moulin à grain et la machine à laver les futs sont suffisamment bruyantes comme ça. Pas la peine d’en rajouter. L’investissement sur des pompes silencieuses est plus important mais ça vous évite d’avoir la tête farcie après une journée de brassage !
Les drèches sont rincées, la cuve d’ébullition tourne maintenant à plein régime. Benoit rajoute le houblon alors que Sylvain, de retour de livraison, revient avec de généreux sandwichs pour tout le monde. C’est l’heure de la pause casse-croute, et rien de mieux pour accompagner ça, qu’un verre de bière. Aujourd’hui c’est la Gens de la Lune qui sera à l’honneur. Une petite perle cette tropical lager, des fruits exotiques plein le nez, légère et assez sèche, elle se laisse boire sans retenue…
Il est temps de s’y remettre, et on va commencer par réhydrater les levures. Ça leur laissera le temps de tranquillement reprendre vie et d’entamer leur multiplication. Ensuite, il va falloir jouer de la pelle pour décharger la cuve d’empatage de ses drèches. Placées dans des grands bacs elles seront récupérées plus tard par un agriculteur afin de nourrir son bétail.
Ça y est le brassin de la journée arrive enfin sur son ultime étape. Le transfert du mout vers la cuve de fermentation débute. Benoit ajoute la levure par la trappe, désinfecte bien l’ensemble et il ne reste plus qu’à attendre que le transfert soit complet.
Fini ?
Et non bien sûr, il faut tout nettoyer correctement maintenant !
Finalement arrive l’heure de m’éclipser, je laisse l’équipe de la Pleine Lune à ses occupations. La journée est loin d’être terminée.
Un dernier coup d’œil aux 6 barriques qui attendent sagement contre un mur. D’ici quelques mois, elles auront joués leur rôle dans l’affinage de la bière qu’elles contiennent et il sera alors temps de passer à l’embouteillage. Et vu l’origine des barriques et ce qu’elles ont contenu précédemment, il faut s’attendre à en prendre plein les papilles…
J’ai hâte de pouvoir les gouter !