Quel avenir pour la brasserie artisanale en France ?
Alors que se profile le regroupement de deux géants de la brasserie mondiale, suite au rachat de SABMiller par le groupe AB InBev, quelle place reste-t-il pour nos brasseurs artisanaux ?
Commençons par un petit coup d’œil dans le rétroviseur.
Au début des années 80, la brasserie française est à son plus mal. Il ne subsiste alors que 76 brasseries, contre près de 2800 en 1910. Il est vrai que les français sont peu consommateurs de bière (30 litres par ans et par habitant, ce qui en fait le 26ème consommateur sur les 28 pays que comprend l’Union Européenne), et que la consommation ne cesse de diminuer. Pendant une longue période, n’ont subsisté que les grands brasseurs et quelque brasseries familiales.
Mais la brasserie artisanale revit aujourd’hui : en 2010 existaient 334 microbrasseries en France. On en dénombrait 600 en 2013 et 652 en 2014. Même s’il est encore trop tôt pour avoir les chiffres de 2015, les perspectives sont toujours en nette hausse et « les chiffres semblent évoluer très vite » selon Robert Dutin, l’auteur du guide des brasseurs et bières de France.
Alors, comment expliquer un tel regain?
Même si le marché global de la bière est en net recul, et contrairement à la brasserie industrielle, la brasserie artisanale connaît une forte croissance. Cette dernière ne représente que 3% du marché mais « tire l’ensemble vers le haut » souligne Robert Dutin.
En effet, les brasseries artisanales ouvrent partout en France, et ce jusqu’au cœur de Paris. Et nos brasseurs nous en proposent pour tous les goûts : ils se différencient des bières classiques proposées par les grands groupes, en façonnant des bières variées, goûteuses, originales et tournées vers les produits locaux. Aujourd’hui, plus de 2000 bières nous sont proposées, sans compter celles de saison ou les brassins spéciaux. Chacun peut y trouver son compte.
L’image de la bière est aussi en train de changer. si l’on boit peu de bière au royaume du vin, on a tendance à en boire mieux. « La bière devient de plus en plus raffinée » estime Robert Dutin, si bien qu’elle séduit les amateurs de vin. On la retrouve dans les caves à vin, les épiceries fines et les restaurants. Et cele-ci a désormais ses spécialistes, les bièrologues (ou zythlogues).
Le salons et événements autour de la bière se multiplient aujourd’hui.
Le succès de la bière artisanale bouscule même les mastodontes du secteur, qui se mettent à la fabrication de bières de spécialités: la gamme des grandes brasseries a évoluée en qualité.
Même s’il est difficile d’établir des perspectives économiques sur les prochaines années, selon Robert Dutin « tous les signaux sont au vert, il n’y a aucun frein identifiable ». De quoi voir sereinement l’avenir pour nos brasseurs locaux…