AB InBev s’attaque aux micro-brasseries en terre sainte !

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C’est avec beaucoup de stupeur que nous avons appris aujourd’hui le rachat d’une microbrasserie en vogue à Bend dans l’Oregon par le géant belgo-brésilien AB Inbev (Leffe, Balma…), un des quatre groupes qui dominent la planète brassicole. 10 barrels a vendu son âme, le début d’une série d’élimination ?

Tout d’abord, il convient de rappeler à ceux qui l’ignorent que l’Oregon, principalement connu en France avec la microbrasserie Rogue, constitue un des états les plus riches en artisanat brassicole avec la Californie. Il est même l’état où les habitants consomment le plus de bières artisanales aux États-Unis. Un marché émergeant poussé par les deux grandes villes que sont Bend et Portland, respectivement reconnues comme ville numéro 7 et numéro 1 pour la bière artisanale. Vous l’aurez compris, l’Oregon est une véritable terre sainte pour les amateurs de bières artisanales.

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Cette nouvelle fait extrêmement peur aux amateurs de bonnes bières. A une époque où la production mondiale se diversifie, se tourne vers la consommation locale pour apporter plus de qualité aux produits, voilà que le géant brassicole tire dans le sens contraire en acquérant une micro-brasserie stratégiquement positionnée comme il l’a déjà fait avec Goose Island dans l’Illinois (Chicago). Est-ce un souhait de cannibalisation du marché ? Est-ce une simple acquisition pour suivre de l’intérieur l’évolution du marché ? Quoi qu’il en soit, d’après la définition de la Brewers Association, 10 barrels n’est plus considérée comme une brasserie artisanale. En effet, les brasseries artisanales doivent être indépendantes !

10barriques

Une autre question est sur toutes les lèvres aux États-Unis. Comment cette compagnie en pleine croissance va-t-elle continuer à travailler ? Quelle va être la motivation des brasseurs, des commerciaux suite à ce choix stratégique de leurs dirigeants.  Visiblement ces mêmes responsables n’ont pas vraiment peur de la question :

Depuis huit ans, nous brassons de la bière, nous buvons de la bière et nous nous amusons à le faire. Nous sommes très excités à l’idée de rester concentrés sur le brassage de bières sympas, de les faire à la main, et de laisser le travail opérationnel et l’expertise de distribution à Anheuser-Busch.

Co-founder Jeremy Cox

En plus de l’achat de la brasserie de Bend, la multinationale récupère également les brasseries-bars de Bend, Portland et Boise.

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D’après les propriétaires de 10 barrels, rien de va changer, tout va rester pareil. Pour le prouver, ils ont annoncé la nouvelle dans une vidéo où leur décontraction mise en scène pour convaincre leurs fans qu’ils sont toujours les mêmes fait presque peine à voir.

En tant que consommateur, goûteriez-vous toujours leur fameuse Apocalypse IPA de la même façon ? Oseriez-vous même continuer à boire leurs bières ?

Source: The Daily Meal

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A propos de Thomas

Dès sa plus tendre enfance, Thomas a été un enfant choyé par ses proches et amis. Il est important de savoir que "Bartom", son pseudo, vient de sa fréquentation assidue des bars. Voir la description complète de Thomas→

12 commentaires to “AB InBev s’attaque aux micro-brasseries en terre sainte !”

  1. Thomas Guillesser a dit :
    novembre 7, 2014 at 5:15 pm

    Salut Thomas,

    Je comprend ton désarroi. AB Inbev semble toujours « s’intéresser activement » au phénomène de la brasserie artisanale aux US.

    J’ai eu la même peine que toi en visionnant la vidéo ( je ne parle même pas du semblant de bêtisier à la fin…). Maintenant, la vraie question, comme tu l’as souligné, c’est de savoir ce que cherche à faire AB Inbev à travers ce type d’acquisition.

    Le positif, selon moi, c’est que ce sont ces grands groupes qui détiennent les moyens de financer et d’investir, cela ne peut être que bénéfique pour la filière. Le problème c’est lorsque la stratégie de volume et l’attaque sur les prix entrent en jeu (au détriment du goût, encore une fois). Ce qui va être intéressant, c’est justement de voir si c’est ce type de stratégie qui va être adoptée par AB Inbev.

    Ciao !

    • L’exemple de Goose Island avec seulement 4 ans de recul montre qu’ils n’ont pas touché à la qualité de la bière. Je ne crains pas vraiment pour la brasserie ni pour la filière.
      Je suis un peu déconcerté face à la triste absorption imposé par cette société de consommation.
      Heureusement, comme le souligne Laurent plus bas, de nouvelles brasseries naissent.

  2. Laurent Mousson a dit :
    novembre 7, 2014 at 5:19 pm

    Euhhh… ça fait « extrêmement peur aux amateurs de bonnes bières » ? Tu serais pas à nouveau un petit peu dans l’hyperbole journalistique et la réaction réflexe face aux multinationales ? ;o)
    Comme tu le mentionnes dans l’article, AB InBev ont déjà racheté Goose Island à Chicago en 2010, qui était déjà une prise d’un autre calibre en termes d’importance sur le marché local et de tonnage total. mais on n’a pas particulièrement observé d’apocalypse brassicole à Chicago et dans la région, depuis. Ni d’effondrement qualitatif chez Goose Island.
    Il y a des phénomènes économiques élémentaires qui font qu’une brasserie atteignant une certaine taille, et confrontée à une demande croissante, arrive quasi-fatalement au point où elle devrait investir dans un nouveau outil de production pour poursuivre sa croissance. En termes de liquidités, ce n’est pas toujours possible, et les prêts bancaires ne sont pas toujours une option.
    Reste donc l’option de faire entrer un partenaire financier aux reins plus solides dans l’affaire pour financer cette croissance. C’est ce qu’on aussi fait récemmment Nøgne Ø, avec un partenaire qui n’est effectivement pas une multinationale, mais le principe est semblable…
    Les micros en « crise de croissance » qui font entrer une grosse brasserie dans leur capital au point de leur appartenir, c’est quelque chose qui s’observe depuis fort longtemps et qui n’a pas fini d’arriver. Par exemple, le groupe Marston’s, plus grand groupe brassicole en mains britanniques si ma mémoire est bonne, possède Wychwood et Ringwood, deux micros qui ont fortement grossi avant d’être rachetées, et qui fonctionnent encore à plein régime…
    Cette consolidation-là est inévitable, mais tant qu’il y a une relève qui démarre au bas de l’échelle, qu’il y a de nouvelles micros qui prennent la place de celles avalées par les gros, il n’y a pas de cataclysme majeur à craindre. Le jour où la relève se tarira, là, on est d’accord, faudra s’inquièter, et une certaine vigilance par rapport à l’apparition de conditions (légales ou fiscales, par exemple) causant ce tarissement est souhaitable.
    Mais pour le moment, y’a pas de quoi crier « au loup » ou clamer que c’est la fin des haricots. Vraiment pas.

    • Je ne suis pas vraiment inquiet pour le monde brassicole. Simplement attristé par la fatalité de la croissance… Comme si ta destiné quand tu crées une entreprise qui marche est de te faire absorber par AB InBev.
      Triste vision du monde entrepreneurial à mon sens. Heureusement, ce n’est pas le cas pour toutes les grosses brasseries américaines et surtout, de nouvelles poussent tous les jours.

  3. « est surtout les lèvres aux États-Unis » (« est sur toutes les lèvres », peut-être ?)
    « à l’idée de rester concentré sur le brassage » (« concentrés », vu que c’est « nous » le sujet)

    Sinon, oui je goûterais toujours bien leurs produits si j’avais l’occasion d’en trouver par chez moi.
    Et comme d’autres l’ont dit, ça peut être une étape indispensable à un moment donné dans l’histoire d’une brasserie de trouver des investisseurs qui puissent aider financièrement.
    Alors avant de dire que c’est une mauvaise chose, je pense qu’il faut voir si la qualité et l’inventivité restent au rendez-vous.

    • Un peu de précipitation dans l’écriture. Merci de me l’avoir signalé.
      Je ne suis pas vraiment inquiet pour le maintien de la qualité. C’est plus, qu’en tant que consommateur, je n’aurais plus l’impression de soutenir ma brasserie locale.

  4. stephan a dit :
    novembre 7, 2014 at 5:48 pm

    généralement quand une multinationale rachète une micro brasserie la qualité baisse invariablement, la multi n’est pas la pour faire de la qualité mais du chiffre ! je serai une multi j’en racheterai des tonnes de micro pour casser le marché -) n’empeche d’autres rouvriront….

  5. Salut à vous
    Je prend le risque de vous prendre à rebrousse poils.
    Ce rachat rentre dans la normalité des choses.
    Une brasserie naît, elle brasse un bon produit et ouvre de nouvelles perspectives de développement. Elle se développe, commence à prendre des parts de marché, fait de l’ombre aux grands groupes.,
    -Soit elle stoppe son développement, (pour cela Orval est un cas d’école).
    -Soit elle continue la fuite en avant. Et pour cela trouver de nouveaux capitaux, faire rentrer le loup dans la bergerie. Le dirigeant historique reste rarement en place.
    -Ou alors on vend, et on devient riche en signant.
    Ab Inbev ne changera rien à la qualité. Ils n’ont aucun intérêt à le faire. Ils vont même développer la marque.
    Cela va leur permettre d’attaquer le marché des bières artisanales de l’intérieur.
    Leur politique d’achat,une bien meilleure productivité vont leur permettre de tirer les prix vers le bas et faire tirer la langue aux concurrents jusqu’à les fermer ou les racheter pour en fermer un grand nombre.
    Toutes les bières artisanales à succès d’aujourd’hui feront partie d’un grand groupe.
    Ce n’est qu’une question de temps.
    Et que d’autres ouvrent, ce n’est pas un problème pour les grands groupes, bien au contraire. Ces microbrasseries qui ouvrent elles développent de nouveaux marché, et évitent à ces grands groupes d’essuyer les plâtres.
    Par contre les anciens dirigeants de10 Barrel soit ils acceptent un placard doré, soit ils partent (il est vrai avec un gros chèque) mais dans tous les cas ils ne brasseront plus. Ils ne font plus parti de la chaine de décision.

  6. Mathieu résume très bien le sujet avec sa question !
    Un exemple tout bête: Russian River qui a même stoppé son exportation vers l’état de WA parce qu’ils ont décidé de ne pas s’accroître plus pour conserver sa qualité, et on sait Ô combien elle est appréciée. Ce sont des gens plus passionnés par la bière que par l’argent.
    Gauger a aussi très bien expliqué les choses.
    Il faut arrêter d’être fataliste car c’est ce que le capitalisme nous oblige à faire… 10 barrels n’a jamais été obligé d’être racheté, ils l’ont décidé face à l’offre qu’on leur à fait parce qu’ils, en tant qu’individus, on choisit la facilité de devenir riches en un battement de cil. Ils auraient très bien pu décider le contraire comme l’ont fait Russian River ou Orval. 10 barrels sont probablement des gens davantage passionnés par l’argent que par la bière manifestement (après, on ne peut évidemment pas connaître leur histoire purement personnelle…).
    C’est comme l’histoire de quelques hommes qui se font manger par des requins parce qu’ils nagent dans leurs eaux. On rejette la faute sur les requins, mais ce sont ces hommes qui ont décidé d’y mettre les pieds. Ici, la faute est à 10 barrels de vendre leur âme devant l’appât du gain, pas InBed qui sont là pour faire du business comme on le sait très bien, c’est le but des multi-nationales.

  7. pj@la brouche a dit :
    décembre 1, 2014 at 12:17 pm

    une seule solution des consom’acteurs LE BOYCOT

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