Réponse à L’Express « le marché de la bière se féminise »
Hier, Pierrick Jégu journaliste de L’Express publiait un dossier presque parfait nommé «Le marché de la bière se féminise ». J’étais près à lui tirer mon chapeau d’aborder un sujet toujours intéressant pour casser l’image masculine de la bière qui lui fait tant défaut. Soit, il est factuel de constater que les femmes françaises consomment moins de bières que nos cousines belges ou allemandes.
D’après mon point de vue, si les femmes françaises consomment si peu de bières, c’est la faute aux malheureux clichés. Vous savez les clichés qui disent que la bière fait grossir, que la bière c’est pour une soirée mec devant le foot avec des pizzas ou encore que les femmes n’aiment que le panaché avec du sirop de cerise à l’intérieur. Or, qui véhicule ces clichés? Les marketeurs des grandes compagnies brassicoles. Regardez la nouvelle intervention d’Annick Vincenty, directrice de la communication chez Heineken dans le fameux dossier de L’Express dont on parle aujourd’hui. La directrice marketing d’Heineken évoque les femmes :
Elles sont notre cible prioritaire pour des nouveaux produits comme la gamme Radler, vendue sous la marque Pelforth et déclinée au citron, au pamplemousse rose.
Précédemment sur Happy Beer Time, je parlais du problème qu’engendre ce genre de ciblage Marketing dans mon article sur la Kronenbourg K, qui grâce à vos partages s’est trouvé très bien référencé. Le bon référencement de cet article a permis de dénoncer auprès de nombreuses cibles égarées les méfaits pour les femmes de cette propagande menée par Kronenbourg. Celle qui fait croire aux femmes qu’il existe des bières pour hommes et des bières pour femmes. Pour résumer, les femmes aiment les bières avec le sirop et les hommes aiment la vraie bière bien maltée et amère. Une caricature que ce webzine tente de combattre au quotidien et contre laquelle de nombreuses femmes du monde de la bière, paradoxalement interrogées dans cet article de l’Express, s’indignent.
Voici que le nom de ces femmes est souillé par un journaliste maladroit qui se retrouve à mélanger féminisation du marché de la bière et consolidation des caricatures qui le desserve. En effet Pierrick Jégu, au moment même où vous terminez votre article par « Trois Bières », prétendues pour femmes, dont deux d’entre elles (Pelfort Radler, Desperados Verde) sont l’incarnation même des clichés que vous semblez dénoncer plus haut, vous souillez l’image de ces femmes qui combattent au quotidien le fait qu’il n’y ait pas de bières pour femmes.
En effet le marché de la bière se féminise, de plus en plus de femmes déclarent aimer la bière et c’est justement parce que de nombreux acteurs du monde de la bière artisanale leurs font découvrir que la bière ce n’est justement pas ces mêmes clichés. La bière ce n’est surement pas ces produits sucrés qui s’abreuvent d’idées-reçues, construisent des écarts de mentalité et s’embarrassent en fin de compte peu du fait que les femmes pourraient aimer la vraie bière. Leurs produits trouveront de toute manière leur cible à l’aide des millions d’euros dépensés à la télévision.
Finalement, il n’existe pas tant de différences, les femmes aiment la bière de la même manière que les hommes l’aiment, avec une pizza et un match de football.
UNE: girl on Shutterstock
juillet 16, 2014 at 6:14 pm
Tout à fait d’accord !
Ma copine par exemple à toujours eu un peu de mal avec la bière, mais à toujours fait l’effort de goûter devant mes louanges sur ce merveilleux breuvage, et la diversité des goûts. Et bien elle s’est dernièrement découvert amatrice de bière blanche, comme quoi, ça valait le coup de persister !
Lâchez rien, votre site est super 🙂
juillet 16, 2014 at 8:51 pm
Merci.Je suis une femme , et je brasse de la bière chez moi.Je vis en colocation et je commence a introduire mon projet de brasserie artisanale a des colocs du sexe fort qui ne connaissait que la bière de masse et industrielle (moins chères et plus facile a trouver, la crise sur le gateau quoi) je veux etre une beerwomen car il est bien tant que nous rejoignons nos soeurs belges/allemandes et que sais je encore! VOTEZ POUR MOI
juillet 17, 2014 at 11:33 am
Le monde de la bière se féminise tellement qu’une jeune femme – pourtant normalement constituée (ou presque) – s’est mis dans l’idée, il y a un peu plus de 6 mois, d’importer de la bonne bière artisanale allemande en France. Complètement timbrée, n’est-elle pas? Et ce n’était même pas pour faire plaisir à son homme, non non, c’était justement parce qu’elle en avait assez de la bière sucrée qui sature les papilles et qu’elle voulait (faire) redécouvrir l’amertume aussi bien aux hommes qu’aux femmes!
Trêve de plaisanterie: outre-Rhin, de nombreuses femmes travaillent dans le secteur brassicole. Certes, elles sont rarement « maitres brasseuses » et on les trouve plus souvent dans les bureaux, mais certaines brasseries sont dirigées par des femmes. Pour les germanophones (ou ceux qui utilisent Google translate mais pour l’allemand, les traductions sont exécrables), lisez donc cet article historique: http://www.bier-lexikon.lauftext.de/bier-brauen.htm. On y apprend notamment que chez les Germains, seules les femmes brassaient la bière au Moyen-Âge, ça faisait partie du travail domestique. Et dans certains monastères, la bière était brassée par les nonnes. Bref, la présence féminine dans le monde de la bière n’est pas nouvelle.
Pour ce qui est de la consommation, et même si beaucoup de femmes boivent de la bière outre-Rhin, on constate un peu les mêmes clichés qu’en France. La bière, c’est une histoire de mecs! Mais la différence se fera plus sur la quantité ingurgitée. Et puis la tendance actuelle en Allemagne est de consommer des bières plus légères et/ou sans alcool et ça vaut pour les deux sexes. Toutes les brasseries bavaroises ont désormais une bière légère dans leur gamme.
Voici une bière faite pour ceux et celles qui aiment prendre les clichés avec humour: http://holladiebierfee.de/der-feentrunk.html
En attendant, ne nous énervons pas trop sur les articles de la presse grand public. Ils sont bourrés de clichés et d’inexactitudes – dans tous les domaines. Pas étonnant quand on met les journalistes sous pression pour pondre des articles en un temps record…
juillet 17, 2014 at 4:43 pm
Je ne suis pas réellement énervé mais je préfère le dire. Ça sert toujours d’avoir les points de vue des autres et c’est avec les commentaires du webzine que j’ai appris pas mal de choses.