#8 – Histoire des Femmes et de la bière
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XXI siècle, 2014, les femmes se sont battues de longues années pour acquérir leur droit et l’égalité des sexes. Aujourd’hui la bière est encore ternie par cette image de boisson masculine lui donnant presque un côté macho. Cependant la bière regagne sa place dans le cœur des femmes, mais cela n’est que continuité, car l’histoire le montre, la gente féminine entretien une étroite relation avec notre breuvage doré et ça depuis la nuit des temps.
Cet article fait écho à celui de Thomas sur l’histoire de la bière, je vous invite à le consulter en amont afin de ne pas buter sur certains termes qui ne seront pas expliqués.
Un retour aux sources
On pourrait dire que la bière est née en compagnie des femmes. Dès son apparition dans notre monde, que l’on estime aux alentours de 10 000 av J.C (date précise très discutée), la bière et les femmes étaient indissociables.
Antiquité (6000 à 4000 av J.C)
La Mésopotamie est le berceau de la bière. Des recettes écrites sous forme de hiéroglyphes et de pictogrammes ont été laissées par les civilisations primitives du bassin méditerranéen dites sumériennes. Elles nous renseignent sur une vingtaine de « Sikarus » (nom de la bière de cette époque) dont une adoucie au miel qui est réservée aux femmes. Il est aussi indiqué que cette boisson était servie dans des « Maisons de Bière » tenues par des femmes.
Égypte ancienne (3150 av J.C)
La Zythum était exclusivement brassée par les femmes et notamment les prêtresses, car au-delà de son importance nutritive, la consommation de zythum permettait aux Dieux de s’emparer de l’esprit des buveurs par l’intermédiaire de cette boisson. Le zythum permettant de communiquer avec les Dieux avait de ce fait une grande importance spirituelle.
Moyenne Age (400 ap J.C)
C’est au Xème siècle que l’on constate que le brassage de la bière n’est plus réservé aux femmes et la liberté de brasser est un privilège contrôlé par les nobles ou l’Église. Le monde du brassage va changer, on dénombre ainsi quatre types de brasseries :
- Domestiques
- Seigneuriales
- Communales
- Monacales
À la fin du Moyen Âge, la main-d’œuvre féminine tient une place décisive dans l’économie. Elles travaillent généralement avec leur mari, dans l’entreprise familiale artisanale, marchande ou paysanne. Dans les entreprises familiales paysannes, les femmes s’occupent principalement de l’élevage, de la fabrication du pain, de la bière, et de la production laitière. Sauf si cette production était spécifique à l’entreprise, auquel cas l’activité était réservée aux hommes. Hors du milieu familial, les veuves ou les célibataires sont très pauvres étant donné le très petit salaire qu’elles perçoivent. De ce faite on les retrouve souvent dans l’artisanat mais aussi dans des métiers très éprouvants tels que la métallurgie, le bâtiment ou le brassage de la bière, car elles représentent une main-d’œuvre à très bas prix, bien moins chère que la main-d’œuvre masculine. Cependant dans ces métiers aujourd’hui dits « masculins », elles ne sont jamais élevées au rang de maîtresse de métier.
À la fin du Moyen Âge, les femmes sont peu à peu évincées du travail artisanal, à cause de la concurrence qu’elles créent. Ce n’est que deux siècles plus tard, en 1688, qu’une loi fut créée par Adrian Beier interdisant aux femmes d’exercer une activité artisanale. De cet événement le gouffre entre la femme et la bière était né. Malgré l’interdiction de la brasser, elle pouvait tout de même en boire, car rappelons-le, toujours au Moyen-Age, la bière était la boisson la plus consommée dans les familles, puisque l’eau restait tributaire d’une hygiène publique douteuse, surtout en ville, et donc de germe de maladies.
Si au 19e siècle, les convenances bourgeoises jugeaient vulgaire de voir une jeune fille de bonne éducation consommer un verre de bière, l’évolution des mœurs fait qu’aujourd’hui, la bière n’est plus une boisson sexuée.
Un amour retrouvé
Depuis toujours les femmes ont choyé, bu la bière, mais certaines boissons plus sucrées, dites plus « féminine » ont pris le pas sur ce nectar houblonné. A titre d’exemple, on peut parler des liqueurs sucrées, du champagne, ainsi de suite… Point de crainte cependant puisqu’en 2012 une étude commandée par la Fédération des Brasseurs Belges montre que 86% des femmes (contre 98% des hommes) qui se rendent au café consomment de la bière plutôt que du vin ou des softs. Bien évidemment, les préférences de goût entre filles et garçons ne sont pas forcément les mêmes. La plus consommée par les hommes reste la pils tandis que nos chères Ladies préfèrent la bière blanche, et, encore plus, les bières fruitées. La célèbre Kriek est incontestablement celle qui continue à rencontrer le plus vif succès.
(Je parle bien évidemment d’une généralité)
Ode à la femme
La femme retrouve sa place dans le milieu brassicole puisque, phénomène intéressant, de plus en plus de testeurs de bière (chargés au sein des brasseries de s’assurer quotidiennement que les bières produites correspondent bien aux caractéristiques spécifiques) sont en fait des testeuses. Question de formation, d’entraînement et surtout… d’aptitudes naturelles, semble-t-il. Plusieurs études ont en effet démontré que les femmes ont un meilleur odorat, et donc une meilleure capacité à apprécier les différentes saveurs.
Enfin je souhaiterai terminer par la création pour la deuxième année de la Deliria petite sœur de la mythique Delirium Tremens. Qu’a-t-elle de si particulier me diriez-vous ? Cette bière est spécialement brassée à l’occasion de la Journée internationale de la Femme. Le plus de cette blonde à l’imposant 8.5% alc est que la recette est choisie par les femmes lors d’un sondage. Ensuit, 10 femmes sont sélectionnées afin de participer à son brassage. Le cru de cette année sera pour octobre.
Messieurs ne pleurez pas, car qui sait le 19 novembre (journée international de l’homme) nous aurons peut-être le droit à la nôtre de bière !