Episode #4, le mystère des bières marquées d’un « X »
Axel votre historien brassicole préféré est de retour pour vous raconter d’où viennent les fameux « X » arborant parfois les bouteilles de bière. Afin de mieux me faire comprendre, je vais vous imager la chose.
Tout commença pour ma part lors d’un certain voyage en Australie, je n’étais qu’un jeunot à cette époque, dans l’incapacité de pouvoir toucher une goutte d’alcool. Chaque jour pour me rendre en cours, je passais devant un bar d’une taille exubérante, affichant de toute part, « Castlemaine XXXX » ou encore « Gold XXXX ». A quoi pouvait bien correspondre ces « X » ?
Let’s go back in time
Tout le monde connaît bien évidemment, les bières triples, quadruples, etc. Mais en fin de compte quelle est l’origine de ces dénominatifs ?
Pour comprendre les relations entre ces descripteurs et les « X » arborant les bouteilles, il faut retourner longtemps en arrière. Voici l’une des histoires les plus connus à ce sujet.
Dans l’ancienne Europe, durant le Xème siècle et le XVIème siècles, les moines faisaient partie des seules personnes à pouvoir brasser de la bière. Une fois que le brassin était mis en tonneaux, on le marquait d’un certain nombre de croix.
Les croix étaient à l’époque l’indicateur d’alcool, elles résumaient à elles seules le taux d’alcool.
- Si le tonneau se voyait marquer d’un seul crucifix (+), cela signifiait, bière de consommation régulière.
- Si le tonneau se voyait marquer de deux crucifix (++), cela signifiait, bière forte que l’on surnomma alors double.
- Si le tonneau se voyait marquer de trois crucifix (+++), cela signifiait, bière spéciale (triple) , souvent celles brassées à l’occasion de noël non pas forcément pour leur degré d’alcool mais plutôt pour leur puissance aromatique et leur couleur plus foncée.
- Ainsi de suite pour (++++), quadruple
Le temps s’est écoulé et les crucifix affichés sur les tonneaux qui roulaient sur eux même furent vu plus souvent en « x » qu’en « + », les termes double, triple, quadruple se virent affecter un nouveau sens. Il va de soi que de nos jours ces fameuses croix ne sont que reliques ou vestiges du passé car prenons la « Castlemaine XXXX » cité ci-dessus, cette bière blonde de type Bitter Ale titre un degré alcoolique de 4.8%.
L’un des seuls à continuer de perpétrer ce procédé est un américain du nom Charles Finkel. Il fut l’un des premiers importateurs de bières européennes aux États-Unis. C’est en 1989 qu’il créa sa propre brasserie, la « Pike brewery ». Il porte souvent le surnom « GodFather of micro-brewing ».
If you say so
Enfin pour conclure de nos jours les croix sur les bouteilles se font rares, on aperçoit plutôt une jolie étiquette affichant le signe « % » pour donner le degré alcoolique, mais quand on y regarde de plus près, si l’on donne une légère rotation à ce signe « % » cela ne donnerait pas une forme de croix ?