Le torchon brûle entre Brasseurs de France et les micro-brasseries !

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Cela fait bien longtemps que c’est dans l’air mais cette fois-ci, Philippe Vasseur, président de l’association Brasseurs de France, déclare officiellement la guerre aux microbrasseries françaises.

Déjà le 20 Octobre dernier, on vous annonçait sur Happy Beer Time que l’Association Brasseurs de France avait pris pour cible les brasseries artisanales.

Cette fois, c’est officiel, la guerre est ouverte !

Philippe Vasseur dézingue les microbrasseries

Le monde des micros brasseurs est en ébullition suite à une nouvelle provocation de la part du syndicat Brasseurs de France présidé par Philippe Vasseur qui n’est autre qu’un ancien ministre de l’agriculture.

Je vous laisse juger vous-même de la nature des propos de Philippe Vasseur envers les microbrasseries.

Propos de Philippe Vasseur

Faire de la bière dans sa salle de bain pourquoi pas. Mais dès que l’on commercialise sa production, il faut des règles

Pour couper des cheveux, il faut un diplôme. Je ne vois pas pourquoi des personnes qui manipulent de la matière vivante comme de la bière ne devraient pas avoir de diplôme

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Article complet paru dans les journaux

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La réponse des micro-braseurs à Philippe Vasseurs

Les micro-brasseurs ont souhaité réagir à cette frasque médiatique à travers le communiqué suivant :

Cher M. Vasseur, Président de Brasseurs de France,

nous avons entendu votre point de vue sur la micro-brasserie en France à travers l’article paru sur différents journaux (voir article Le Progrès du 19/02). Nous notons les sous-entendus de nature à semer le doute quant aux risques sanitaires d’une boisson qui accompagne les civilisations humaines depuis des millénaires.

Mais il se trouve que nous, artisans brasseurs ne représentant que nous même, avons un point de vue moins anxiogène.

Certes, nous n’avons pas de diplômes, nous avons découvert le brassage dans nos cuisines/salles de bain et nous brassons dans du matériel auto-construit.

Mais aujourd’hui nous vivons de nos productions, nous créons des emplois et sur leurs seules qualités, nos bières sont réclamées dans la France entière et au delà.

Sur nos étiquettes il est bien clairement noté l’intégralité des matières premières que nous utilisons (malt, eau, levure et houblon). J’aimerais, pour ma part, que certains des gros industriels que vous représentez fassent la même chose… imaginez ?

Alors, M. Vasseur, laissez les consommateurs choisir et venez plutôt vous détendre avec ceux que vous qualifiez de « petits brasseurs ».

Les petits brasseurs exaspérés par Brasseurs de France

Quid du guide des bonnes pratiques ?

Il faut tout de même savoir qu’il existe un guide des bonnes pratiques d’hygiène appliqué à la brasserie et paru aux éditions du Journal Officiel.

Pour en citer une partie, Journal officiel du 24 novembre 1993 :

 Avis aux professionnels de l’alimentation relatif à l’élaboration de guides de bonnes pratiques hygiéniques
1. Introduction
1.1 Cadre règlementaire
2° alinéa: Ce guide, d’application volontaire, a donc été conçu par et pour les
les professionnels de la Brasserie française…
1.2 Champ d’application
1° alinéa: Le présent guide s’applique à la fabrication industrielle de bière (sauf
panachés, bières sans alcool et bières refermentées en bouteille)

Un guide inadapté ?

Il faut savoir aussi que la plupart des micros brasseurs refermentent leurs bières en bouteilles donc ne sont pas concernés par ce guide. De plus ce guide est principalement destiné aux brasseries industrielles. Comment un petit artisan peut-il s’en servir comme outil afin de l’appliquer dans sa brasserie ?

Je peux admettre qu’il y ait certains abus au niveau de l’hygiène dans certaines brasseries mais il faut savoir que pour beaucoup de micro-brasseurs, leur brasserie est tout ce qu’ils ont et ils n’ont pas intérêt à faire n’importe quoi au risque de tout perdre. Les personnes travaillant de manière « archaïques » ne constitue qu’une infime minorité des micros brasseurs.

Il me semble aussi que certaines bières artisanales « fabriquées dans la salle de bains » semblent de bien meilleure qualité (surtout d’un point de vue organoleptique) que certaines bières des adhérents de ce fameux syndicat !

Les formations brassicoles en France

Concernant la formation des brasseurs, M. Vasseur semble ne pas avoir révisé son sujet. En effet cela bouge également énormément dans ce domaine.

Voilà un aperçu des différentes formations au métier de brasseur :

Dans le même établissement, il y a aussi :

A cela s’ajoutent aussi les formations à l’ENSAIA de Nancy pour un niveau ingénieur voir plus.

On peut aussi citer toutes les formations professionnelles de l’IFBM qui sont plus que reconnues dans le milieu brassicole (de nombreux brasseurs ont suivi ces formations et se sont installés par la suite). Je n’oublie pas non plus le LEGTA de Douai connu et reconnu pour avoir formé pas mal de brasseurs aujourd’hui chef d’entreprise.

Certaines formations offrent des périodes de stage qui permettent de mettre en pratique.

Point de vue de Vivien, brasseur

Vivien, le brasseur des beermen :

Je voudrais commencer par parler du brassage amateur, beaucoup de brasseurs ont commencé par cette étape.

N’est ce pas le meilleur moyen d’apprendre ?

Ne dit on pas que « c’est en brassant que l’on devient brasseur » ?

Ne pourrait-on pas s’inspirer de nos camarades américains qui ont légalisé le statut de brasseurs amateurs.

Je me pose la question de savoir si ce genre de provocation à répétition de la part de Brasseurs de France ne vient pas d’une peur de voir les ventes de ces plus gros adhérents baisser tandis qu’à l’inverse, les « brasseurs de salle de bains » ont des ventes qui augmentent sans cesse.

Avant de taper sur les autres, il serait préférable de balayer devant sa porte en commençant par dépenser son énergie à travailler afin de proposer un produit de qualité qui n’aurait nul besoin de renforts marketing et commercial pour être vendu.

Point de vue de Thomas, fondateur Happy Beer Time

Thomas, fondateur du webzine :

L’Association Brasseurs de France agit clairement dans l’intérêt des brasseries industrielles. Ces dernières se sentent menacées par l’explosion des microbrasseries en France et dans le monde et veulent mettre des bâtons dans les roues de celle-ci. L’industrie brassicole sait jusqu’où peut aller le mouvement « craft beer » qui a atteint près de 7% du marché de la bière aux États-Unis.

Ne vous méprenez-pas, si l’on peut se dire au premier abord qu’il serait intéressant d’avoir un label pour améliorer la qualité des bières comme le prétend Philippe Vasseur, ce n’est qu’un prétexte pour freiner la croissance des micro-brasseries.

Un lobbying vraiment exaspérant ! Je trouve ça scandaleux qu’une association représentant la bière à l’échelle nationale desserve autant ses intérêts. Je trouve même ça écœurant que Brasseurs de France défende avec autant de vigueur les intérêts de produits que je trouve profondément néfaste à l’image de la bière. Vous pourrez vous référer à mon précédent article sur la dernière Kronenbourg K pour mieux comprendre en quoi les brasseries industrielles desservent la bière.

Brasseurs de France nuit clairement à l’image de la bière plutôt que de l’embellir, ce qui devrait être sa vocation. Dernier exemple exaspérant en date, le salon de agriculture de Paris en ce moment même. Regardez l’image ci-dessous et apercevez le panneau publicitaire bière blonde au cours de l’intervention de Heineken Entreprise. Ce n’est pas en présentant une bière comme blonde, brune voire rousse que vous allez éduquer les consommateurs à la dégustation de la bière. Nos voisins Belges, Allemands ou Américains se rient tous les jours de notre grossière manière de présenter la bière de la sorte, et rebelote, chaque année on a le droit à des stands qui se pavanent de magnifiques panneaux « bière blonde ». Encore un exemple qui prouve que Brasseurs de France préfère tirer la bière vers le bas que vers le haut. Une nouvelle preuve de l’incohérence du discours de Philippe Vasseur qui se dit défendeur de la qualité des bières en voulant introniser ce fameux diplôme de brasseur et qui dirige une association qui grossit vulgairement la bière avec des raccourcis parallèles complètement absurdes.

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Pour finir, Philippe Vasseur parle d’économie et d’emploi dans la presse nationale. Je tiens à rappeler qu’une brasserie artisanale crée en moyenne 16 fois plus d’emploi qu’une brasserie industrielle.

Quel est votre point de vue ?

Que pensez-vous de cette guerre de la bière en France ?

Quel est votre point de vue sur les déclarations de Philippe Vasseur, président de l’Association Brasseurs de France ? Trouvez-vous ça offensant pour les brasseurs artisanaux ?

Pour ou contre un diplôme de brasseur ?

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A propos de Thomas

Dès sa plus tendre enfance, Thomas a été un enfant choyé par ses proches et amis. Il est important de savoir que "Bartom", son pseudo, vient de sa fréquentation assidue des bars. Voir la description complète de Thomas→