L’emprisonnement des Cafés, Hôtel, Restaurant, le contrat brasseur

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Je n’ai jamais eu l’occasion d’écrire sur la thématique pourtant cela m’a titillé l’esprit à de maintes reprises.

Sais-tu qu’en France, plus de 80% des cafés, hôtels et restaurants sont emprisonnés dans un contrat que l’on appelle le « contrat brasseur ».

Au démarrage de son activité, le distributeur offre des tables, des chaises, des parasols Heineken, Duvel, Leffe et installe une pompe desdites bières. Ce petit cadeau allège souvent la lourde trésorerie du cafetier au départ  mais n’est pas contrepartie. L’établissement est ensuite obligé d’être distribué par son fournisseur. En France, il existe très peu de « grand distributeur ». La majorité des CHR appartiennent à France Boisson et Tafanel (c’est dingue mais on peut parler d’appartenance). Quand on sait que France Boisson est une filiale du groupe Heineken, on comprend mieux pourquoi on se retrouve souvent avec de la H à la pompe. Une fois le café sous l’emprise du géant brassicole, les prix commencent à augmenter et on se retrouve avec une bière de qualité industrielle à un prix élevé.

Avec une telle maîtrise verticale du marché, la révolution brassicole ne peut s’amorcer que pas à pas, établissement par établissement. Cependant, les signaux sont au vert, à commencer par le fait que la consommation dans les CHR diminuent d’année en année.  La preuve que de plus en plus de bars distribuent des bières artisanales et spéciales plus généreuses en alcool et, qu’à l’inverse, les bières dîtes de luxe (Kronembourg par exemple) sont de moins en moins consommées. L’offre crée la demande comme on dit souvent.

Pour en savoir plus sur la question, je t’invite à lire le point de vu éclairé de Doroley, caviste au sein de la capitale chez Bières Cultes. Elle explique ce contrat brasseur et s’indigne contre celui-ci.

Coup de gueule le contrat-brasseur

Image à la une: Johan Wieland on Flickr

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A propos de Thomas

Dès sa plus tendre enfance, Thomas a été un enfant choyé par ses proches et amis. Il est important de savoir que "Bartom", son pseudo, vient de sa fréquentation assidue des bars. Voir la description complète de Thomas→

8 commentaires to “L’emprisonnement des Cafés, Hôtel, Restaurant, le contrat brasseur”

  1. Laurent Mousson a dit :
    janvier 16, 2014 at 7:52 pm

    Euuuh, dlésolé, masi j crois que l’article passe à côté de la raison même du contrat brasseur : c’est une source de financement facile pour les cafetiers-restaurateurs.

    Il se passe que les banques ne financent plus rien dansl’HoReCa, et cela depuis belle lurette. parce que c’est un secteur vu comme trop risqué.
    Donc pour ouvrir ou reprendre un bar,il y a des frais, repeindre les murs, arranger le cadre, le bar, les tireuses, le mobilier… et comme les banques ne prêtent plus un sou, une des seules sources de financeemnt est le contrat d’exclusivité avec un fournisseur comme une brasserie (c’est pareil avec les maisons de café si tu veux un gros perco professionel…), contre prêt, le prêt étant remboursé petit à petit par la vente de bière.

    Les contrats couvrent en général juste la vente de bière pression, mais peuvent être étendus aux bières bouteilles, voire aux autres boissons, suivant les cas, la somme prêtée ou la durée du contrat… Il y a une limitation légale à leur durée.

    Il s’ensuit qu’un cafetier qui voudrait changer de fournisseur de bière en cours de contrat ne peut le faire que s’il rembourse ce qu’il reste sur sur son contrat au prorata de la durée restante ou du volume restant à vendre. Et perversion ultime, les tireuses à bières, frigos etc sont généraleemnt restés prioprité de la brasserie. Quand c’est un meuble frigorifique de bar, c’est limite impossible de sortir de son contrat, ou même de ne pas le renouveler à échéance…
    … à moins qu’un autre fournisseur ne soit prêt à fournir lui aussi cet matériel. Or il n’y a que des assez grosses brasserie spour pouvoir se payer ce luxe. Les micros sont hors du coup à la base.

    Pour aggraver les choses, il ya l’attitude agressive des commerciaux… dans le cas d’un cafetier sous contrat uniquement sur la bière pression qui prendrait des bières bouteille d’une micro locale, il n’est pas particulièrement rare de voir les représentants, lors de la tournée, mettre la pression, promettre des rabais, des cadeaux, un frigo de plus, des parasols etc. , mais à condition que la bière concurrente saute…

    Du coup, pour la diversité et pour le choix laissé au consommateur, c’est la Bérézina.

    Le processus est parfaitement légal, mais c’est ce genre de détail qui fait la différence entre libre concurrence et saine concurrence…

    PS : concernant la diminution de volume, faut pas se leurrer: Heineken et Carlsberg tentent bien de récupèrer le report de consommation des blondes de masse vers les spécialités. Qu’il s’agisse de pousser les Affligem, l’Edelweiss, les Grimbergen, etc. ou les machins aromatisés façon Despé, les représentants sont très fort pour sous-entendre aux cafetiers que « c’est pareil », les clients feront pas la différence…

    • C’est vrai que j’ai parlé des parasols et des tables sans trop insister sur le financement.

      C’était tellement clair dans ma tête que j’étais sur d’en avoir parlé clairement dans l’article.

      Du coup, merci pour l’éclairage qui complète bien l’article (et le commentaire).

      Quant au bière spéciale, je ne me leurre pas vraiment, on sait pertinemment la mutation qu’opère les grandes brasseries. Ils ne sont pas vraiment dupent mais se plaignent quand même que la consommation baissent. Une preuve qu’ils craignent la montée des micro-brasseries ? Peut-être…

  2. Joffrey RRG a dit :
    janvier 16, 2014 at 9:26 pm

    Très bon commentaire. Il en ressort que c’est le gérant qui choisit et qu’il doit savoir ce qu’un contrat brasseur engage.

    • Laurent Mousson a dit :
      janvier 16, 2014 at 9:41 pm

      …exactement, et trop souvent, soit il ne s’en rend pas compte, ou trop tard… ou il s’en fout, parce que la bière, c’est de la bière, non ? ;o>

  3. A titre d’exemple, nous allons reprendre un bar restaurant licence IV pour la saison d’été dans un camping.
    Nous ouvrons avec un capital de 4000e une SAS.
    Il nous manque de la trésorerie, nous avons donc fait part à notre banque de desirer faire une demande de financement à hauteur de 8000e sur 24mois ou 36 mois ( nous avons un contrat de gérance d’un an renouvelable tacitement ).
    Nous avons une particularité dans notre saison, c’est d’avoir l’arriere saison entierement remplie par des pensions complètes, à hauteur de 30 personnes/jour du 1 avril au 16 juillet qui nous apportent une retour financier assuré à hauteur de 53000€ juste pour les pensions completes.
    Après, s’en suit ( plus ou moins à cheval ) les personnes qui passent leurs vacances en basse et pleine saison qui consommeront, sans compter que le camping est ouvert aux personnes extérieures.
    Nous avons les chiffres des années précédentes du brasseur, qui nous a permis de fixer notre CA à 140000e ( pensions complètes incluses )
    La banque ne peut/veut pas nous financer ( 3 tentatives dans 3 banques différentes )…
    Il nous reste donc la solution avec le brasseur qui plus est, est déja brasseur dans ce bar restaurant depuis 15 ans.
    Nous esperons trouver un accord meme si nous sommes bien conscient que nous ne serons pas gagnants sur toute la ligne comme on dit…
    Pourtant, entre le CA, les dépenses, le prix de la gérance ( 12000e H.T ), les bilans N-1, N-2, tous les arguments valables, les banques se « chient » dessus ( excusez moi l’expression )…

    • C’est très intéressant comme retour d’expérience ! En gros, proposer de la bière artisanale ne serait que possible pour les riches d’après ce que tu me dis… Peut-être que les Banques sont soudoyées par les grands groupes brassicoles pour ne pas prêter aux CHR.

  4. Merci pour cet article pertinent ainsi que pour vos commentaires qui me sont très utiles en ce moment car je suis en train de reprendre un restaurant et j’ai entendu parler de ce fameux contrat Brasseur: j’essaie de peser le pour et le contre mais je pense que si je peux me débrouiller autrement, je préfère ne pas m’enchainer la dedans…

  5. Bonjour à tous,
    Comme dit précédemment, il est impossible d’avoir de prêt par les banques quand on ne peut allonger 30%.
    Certain se plaigne que leur marge diminue ou sont moindre avec un brasseur national mais ne prennent pas en considération que s’il n’avaient pas le support des ces derniers, ils resteront employés ou chômeurs….
    Lisez bien vos contrats et faites vous aider par un comptable ou autres expert en la matière avant de signer…
    Pensez surtout que tout est négociable dans une certaine limite et tout le monde fait du business pour faire de l’argent…
    Si vous ne voulez pas signer, c’est votre choix… N’ouvrez pas votre bar et attendez que vous ayez assez de fond pour payer tout en cash pour votre ouverture de business….
    Les grands brasseurs ne sont pas bénévoles comme vous ne l’êtes pas aussi….
    Chacun doit tirer son épingle du jeu.
    Un prêté pour un rendu…
    Vous être votre propre patron grâce à ceux qui vous ont aidé…
    Il faut avoir de la reconnaissance..
    Si vous ne voulez ou pouvez pas, ne commencez pas une affaire dont vous n’avez pas les moyens de vous payer….
    C’est dur mais c’est la réalité….

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