80ème anniversaire de la fin de la prohibition
En ce 5 décembre 2013, les Etats-Unis ont une raison pour ouvrir une bière! En effet, nous fêtons le 80ème anniversaire de la fin de la prohibition sur l’alcool aux USA.
Le 20 janvier 1920, tous les états américains ratifièrent le 18ème amendement (sauf le Connecticut et Rhode Island) de la Constitution qui interdisait la fabrication, le transport et la vente des boissons alcoolisées mais non leur consommation.
Le premier état à limiter la vente de boissons alcoolisées fut le Maine en 1851 donc ça ne datait pas d’hier. La prohibition amena l’ouverture de milliers de « speakeasies », les bars clandestins. Les « moonshines », ou distilleries clandestines, et les médecins pouvant prescrire du whisky médicinal approvisionnaient ces bars. Les prix flambèrent quand des organisations criminelles s’intéressèrent à cela. L’histoire d’Al Capone à Chicago vous connaissez?
Avant que l’amendement soit ratifié, la « anti-saloon league » fut un groupement important. En effet, en pensant au niveau politique, ce groupe a amené l’idée d’une prohibition au niveau national.
Cette organisation politique a dû faire face à l’alliance Germano-Américaine qui souhaitait préserver l’accès à la bière. Mais la première guerre mondiale amena une un sentiment « anti allemand » et les revendications de l’alliance furent vaines. Le Congrès accusa même l’association d’avoir un but antipatriotique.
La prohibition fut si importante que mêmes les publicités concernant la bière étaient recouvertes ou peintes. La tentation devait être éradiquée car la majorité de la population pensait et voulait que la bière, avec son taux d’alcool peu important, soit autorisée.
Le « Volstead Act« , qui concernait (entre autres) le taux d’alcool, autorisait un taux d’alcool de 0,5%. Cette décision fut contestée quand la population apprit que ce taux d’alcool fut choisi pour des raisons de taxes sur les boissons maltées et non sur des raisons médicales.
Malgré les protestations et aussi les souhaits des soldats revenant d’Europe et voulant de la bière, la limite d’alcool resta la même.
Le brassage amateur explosa durant cette période. En effet, les fabricants de sirop de malt connurent des ventes extraordinaires et d’anciennes brasseries se mirent à fabriquer le précieux liquide afin de satisfaire le client.
En 1929, le bureau de la prohibition estima que la production illicite de bière maison s’élevait à 22 millions de barils. Pour faire une comparaison, en 1919, quand la bière était autorisée, le même nombre de barils furent vendus. Un poète illustra cette période avec un poème:
« Mother’s in the kitchen, washing out the jugs;
Sister’s in the pantry, bottling the suds;
Father’s in the cellar, mixing up the hops;
Johnny’s on the porch, watching for the cops. »
« Maman est dans la cuisine, lavant les jarres
Frangine dans le garde-manger, enbouteillant le breuvage
Papa dans la cave, mélangeant le houblon
Johnny sur le porche, surveillant l’arrivée des flics. »
Pour les personnes n’étant pas à l’aise, de nombreuses familles avaient une licence pour vendre « une sorte de bière » avec 0,5% d’alcool maximum qui était obtenue en brassant de la « vraie » bière et en la faisant bouillir. Bien sûr, la corruption permettait d’avoir de la « vraie » bière.
Cependant, même quand la bière était dé-alcoolisée, une seringue d’alcool pur était livrée avec afin de rajouter cet alcool dans la bière, la bière commença donc à s’appeler la « bière aiguille« .
Les « speakeasy » était donc fournis par ces brasseurs mais ce sont les contrebandiers qui firent exploser le marché. Ces années de « sécheresse » (niveau alcool) ne furent pas si difficile avec environ 32000 bars clandestins rien qu’à New York City en 1929! Avant la prohibition, le nombre de saloon était moitié moins!
La corruption, la vengeance, les mafias, etc, faisaient penser que les jours de la prohibition étaient comptés.
Les mafias touchaient jusqu’à 3,5 millions de dollars par semaine grâce à la bière en contrôlant les bars clandestins, des bagarres de gangs s’organisaient, des meurtres avaient lieu tous les jours…
Le pire est que le gouvernement touchait des pots-de-vin pour laisser l’immunité à des gérants de bars, des patrons…
Puis diverses organisations profitèrent du krach boursier d’octobre 1929, « le jeudi noir » qui plongea les USA dans une récession, pour demander la fin de la prohibition.
L’idée est de dire qu’en taxant la bière, le gouvernement et le pays pourraient récupérer de l’argent. Ainsi, « De la bière pour la prospérité » fut le slogan de la bataille anti-prohibition!
Le 14 mai 1932, le maire de New York City organisa une parade afin de promouvoir ce mouvement. 100 000 personnes acclamèrent l’événement. Puis vint le tour de la ville de Détroit avec 40 000 supporters…
Cependant, la « anti-saloon league » était toujours contre l’alcool et sa propagande était encore soutenue à travers le pays. Henri Ford, le célèbre constructeur d’automobiles, annonça même qu’il arrêterait de construire des voitures si la prohibition cessait.
Toujours en 1932, lors de la course à la présidence, le démocrate Franklin D. Roosevelt déclara qu’il voulait autoriser la production et la vente de bières. Le chômage parlait! Pour ou contre la prohibition, démocrate ou républicain, la bière amènerait de l’emploi et de l’argent.
Un débat survint avec les questions sur le taux d’alcool jusqu’en 1933. Puis, le 7 avril 1933, la bière fut autorisée à être produite et vendue si elle ne dépassait pas 3,2% d’alcool. A minuit et une minute, les brasseries recommencèrent la production à travers le pays et cette nuit-là, de nombreuses personnes restèrent devant les brasseries afin d’avoir une première gorgée de cette bière maintenant légale!
Cette nuit fut appelée la « New Beer’s Eve » ou « La veille de la nouvelle bière »! En référence à « New Year’s eve », c’est à dire la St-Sylvestre! Et ce fut vraiment la fête à travers le pays!
Cheers!
Source: Beer History