Tiens, j’me ferais bien une Fine Mousse !

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Lundi 20h37, me voilà à Marnes-La-Vallée pour une toute autre raison que d’aller serrer la pince à Mickey. En plus, ça aurait été totalement absurde comme idée. Que je sache, on a plutôt l’habitude de pincer les souris autrement qu’avec les mains. Mais bref, passons et tentons de ne pas prêter attention à ces nombreuses Minnie qui débarquent avec moi dans le RER A. Rendez-vous Paris pour une escale, rendez-vous Paris pour une Fine Mousse.

C’est à cet endroit que je dois rejoindre mon ami Cyril. Sac adossé, je grimpe dans le train, m’installe au pif et sort mon Smartphone. Merde, il est putain de soiffard ce téléphone. Fraîchement rechargé avant mon départ, il lui aura suffit de quelques 3h30 de train pour pomper tout son jus. Soit, je ferais sans lui. De toute façon, je ne suis pas dépendant… Qui plus est, un magnifique journal a décidé de siéger à coté de moi. Voyons s’il est bavard. Sympa le type mais un peu cynique quand même… Fusillade à la Société Générale, match de l’impossible pour l’équipe de France, défi perdu d’avance pour Hollande en Israël. J’aime pas les gens au pessimisme béant.

Du coup, entre mon téléphone alcoolique, ce voisin moribond à ma droite et le retard avec lequel m’a déposé mon train, je suis déjà à cran. Le coupe surexcité de Bulgares à ma gauche finit de m’agacer. J’ai une dalle incroyable et le gamin bouffe son sachet de pop corn Donald à 3 cm de mes narines. En plus de chlinguer, il a du leur coûter super cher ce pot de maïs. Déjà que j’en avais marre de voir des gamines de 30 ans avec des oreilles de Minnie sur la tête, cette dégustation nauséabonde et bruyante m’achève. C’est dingue mais qu’est-ce que ça fait du bruit un Bulgare. Déjà que la consistance du pop corn le rend bruyant, il faut que mes voisins de gauche couvrent cet agressif craquèlement en parlant encore plus fort. C’est agaçant d’entendre des étrangers surexcités parler dans un dialecte incompréhensible. En plus, en couple Bulgares qui se respecte, la fille sort tout droit de la couverture d’un magazine de beauté tandis que l’homme doit être un richissime héritier au physique de camionneur. Ça aussi c’est énervant. Bref, essayons plutôt de nous concentrer sur notre voisin de droite, il est bavard et arrogant mais il est bruyant comme un livre lui au moins.

Tant bien que mal je supporte les 40 minutes de trajet et atterrit dans une station de Métro appelée Nation. Je n’ai plus qu’à prendre le Métro 2 pour pouvoir me délecter de ma Fine Mousse. Plus que quelques klaxons sourds du dragon de fer et je serais l’homme le plus heureux du monde durant quelques millisecondes. Mon optimisme à tout épreuve me permet souvent d’éliminer les frustrations, de passer à autre chose. La seule pensée de me voir installé chaleureusement me redonne une motivation trépidante. Heureusement, parce que l’agacement va très vite laisser sa place à l’angoisse. J’arrive devant la barrière du fameux métro 2, il me faut prendre un ticket. Je tourne la tête à droite, je tourne la tête à gauche et je n’aperçois aucun guichet. Pas l’ombre d’un automate ou d’une agent RATP. Comment vais-je pouvoir franchir cette barrière ? Ah, voici un agent d’entretien qui passe, je vais lui demander où puis-je acheter des tickets. Je suis quelqu’un d’honnête quand même.

« Excusez-moi, où est-ce qu’on peut acheter des tickets de métro s’il vous plait ? C’est bizarre, je croyais qu’il y en avait toujours avant les barrières »
Tandis que je m’attendais à une réponse franche et claire de la part de cet homme qui balaie les moindres parcelles de ces sous-sols disgracieux, je suis surpris de le voir évasif.

« Euh… vous passez la barrière et… premier escalier à gauche puis deuxième escalier à droite et… Ensuite à droite dans le recoin, vous pourrez acheter des tickets »

Ouille ma tête !

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« Mais euh… comment je passe la barrière si je n’ai pas de tickets ? »

« Vous demandez, vous vous collez à quelqu’un et vous passer »

Soit, sceptique je m’avance et préfère opter pour le saut de kangourou. Je ne me sentais pas assez intime avec un inconnue pour lui coller le derrière. Me voilà malfrat mais pas beaucoup plus avancé. Je juge les explications de mon balayeur trop complexe à suivre. Je préfère rester hors-la-loi. Surtout que ça me détourne de mon Métro 2 son histoire. C’est un coup à se perdre déjà que je suis en retard.

Où est-ce qu’est ma Fine Mousse, voyons le plan ! Merde, il n’y a pas d’arrêt de Métro appelé « Mousse ». Merde, je ne me rappelle plus la station de métro qui doit me rendre à quai. Merde, mon téléphone s’est plongé dans un mutisme profond. Dernière solution, prendre mon courage à demain et compter sur l’amabilité bien-connue des passagers Parisiens. Ils auront sûrement quelques minutes pour aider une brebis égarée dans ce labyrinthe grand-format. Ils passent tant d’heures à y vagabonder qu’ils doivent bien avoir du temps à me consacrer. En plus, tout le monde à Paris connaît ma Fine Mousse, il n’y en a pas deux comme ça dans la ville.

Conscient que j’ai plus d’espoir de trouver un connaisseur proche de ma ligne 2 mais inhabituellement défaitiste quant à la quête de mon aiguille dans cette botte de foin, je m’approche du quai de départ et interpelle l’un de ces phénomène que l’on appelle Parisien. Un peu gêné par ma demande carrément loufoque, je me décomplexe et plonge dans le bassin.

« Bonjour, euh… est-ce que vous vous rappelez un western ! Vous savez le film avec des indiens ! Mais si voyons… Celui où ils attaquent une diligence ! »

Dans mon esprit, j’avais sincèrement l’impression d’avoir une requête similaire. Mais c’était sans compter sur la dextérité de mon interlocuteur. Il faut dire que ma victime avait des airs de Frédéric Beigbeder.

Lorsque je lui ai demandé s’il connaissait ma Fine Mousse et que, sans surprise, il ne connaissait pas, il m’a brillamment dégainer un outil aussi rare que précieux permettant de savoir « où trouver une Fine Mousse dans Paris ».

Généreux et maîtrisant parfaitement son Smartphone à un endroit où le réseau n’est pas toujours invité à la partie, mon héros m’a finalement trouvé l’introuvable de quelques coups de doigts habillement frappés. Mieux que ça, en plus de savoir sur quel quai devais-je poser pied à terre, je savais également comment me rendre à l’aboutissement de ma quête. Je pouvais retrouver le sourire et la quiétude sans avoir finalement rencontré trop de difficultés. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur Super Mister Métro dès sa première interpellation.

Pif, paf, pouf, je descends lorsque la sirène chante à nouveau, sort du labyrinthe d’une démarche haletante, me plait à découvrir la fraîcheur sur mes joues et me dirige déterminé en direction de mon objectif. Malgré les émotions, j’arrive, chose aussi inhabituelle que de voir des aurores boréales, sans retard à l’entrée du bar.

Une sorte de sanglot interne m’envahit. C’est une sensation bizarre le sanglot interne. C’est un sentiment qui t’habite lorsque tu as franchi des montagnes pour parvenir au sommet d’un pic plus haut que les autres. Tu as franchi plusieurs cols, tu t’es demandé si tu étais sur la bonne route et finalement tu parviens à proximité, tes yeux s’excitent de droite à gauche, ton cou s’étend de tout son long à la recherche d’un premier coup d’œil sur ce sommet dont tu as tant entendu parlé. Dans ton cerveau, il se passe plein de trucs. Un mélange d’impatience qui te fait accélérer le pas et de peur d’être déçu qui te fait le fait traîner. C’est là ? Ah non, c’est un sex shop ça ! C’est sûr que c’est dans cette rue ? Mais oui, tu l’as regardé à peu près 5 fois et tu te l’es répété au moins 50 dans la tête pour ne pas l’oublier.

Et là, le temps s’arrête, tes pieds s’arrêtent. Tu es au bout de la rue et tu aperçois enfin ton petit pic pointu, ta Fine Mousse. Je rentre ou je ne rentre pas ? Bien sûr que je rentre, je n’ai quand même pas tant galéré pour rien. En plus à travers la vitrine, j’assiste à une scène sympathique. J’aperçois les musicos sur la gauche, je vois la devanture boisé du bar qui m’a l’air très agréable. Tiens c’est bizarre, il n’y a pas de tireuse. Les acteurs de ce film Hollywoodiens sont assiégés, plutôt près du sol en train de discuter verre à la main ou posé sur la table. Les gens parlent près des oreilles, sourient et s’esclaffent d’un balancement d’avant en arrière. La lumière est couleur flamme, d’un jaune-oranger chaleureux. Putain, il faut vite que j’entre en scène. Ça m’a l’air génial. D’ailleurs, je le demande si Cyril est arrivé. Je verrai bien mais bordel, arrête de réfléchir Tom et rentre dans ce foutu bar !

Je fais trois pas en avant, je prend la poignée entre mes doigts et pénètre dans l’antre. Les yeux en l’air un peu rêveur, je visite les lieux de quelques coups de regard. La chaleur envahit mon corps et je frissonne. Qu’est-ce que j’aime cette sensation lorsque j’arrive du froid et que j’ai limite envie de me foutre à poil. Chaque cellule de mon corps prend ses aises. On est bien là dis donc.

Sur ma droite quelqu’un m’interpelle et me connecte à la réalité ! Je connais cette voix. Je tourne la tête, mes yeux fixent la cible de cette interjection sonore et analysent la situation. Quelle bonne surprise, sont assis juste à ma droite Fanny et Julien deux amis montpelliérains évadés à Paris venus sans que le sache pour partager une Fine Mousse. Après une futile évasion mentale, j’entre enfin en scène, sourire à la bouche et sac toujours adossé. Je salute mes amis. Qu’est-ce que ça fait plaisir de les voir. C’est vraiment marrant de se retrouver là avec eux. Eux que j’ai l’habitude de voir dans notre chez nous, Montpellier. Eux dans la capitale de France avec moi, près à se taper une Fine Mousse. Dans cette euphorie ambiante, je me déshabille en hâte. Je pose mon sac à dos, ma veste, mon pull, mon T-shirt, mon pantalon puis mon caleçon tout en prononçant quelques balbutiements de courtoisies. J’ai quand même gardé mes chaussettes, je suis assez pudique. Je saisis le tabouret et sa monture en cuir marron pour m’y assoir et entame la conversation. Acte 1, scène 1, c’est l’heure des retrouvailles en attendant Cyril qui devrait arriver d’ici peu. On papote dans une ambiance musicale dominée par un cuivre chaleureux, c’est très sympathique. Je comprend maintenant pourquoi les gens se parlaient de si près. C’est vrai que la trompette dans un espace si intime rend la discussion difficile. Mais bon, ça fait partie de l’ambiance chaleureuse qui réchauffe. C’est l’hiver bordel. Je déteste l’hiver !

Cyril nous rejoint 5 minutes plus tard et la conversation perdure. Dans cette atmosphère si chatoyante, nous en oublions même l’objectif de notre venue, se faire une Fine Mousse.

Pour Fanny, c’est raté pour la Fine Mousse, elle n’aime pas ça. Du coup, elle commande un Fin Jus de fruits. Un mélange fraise, violette et mangue tout à fait exquis. Même les jus de fruits sont plus Originaux qu’Orangina ici.

Au passage, je remarque enfin les tireuses à Fines Mousses. Elles sont derrière le bar, tournées vers le mur. Je trouve ça génial. D’une part, ça m’agace de voir ces endroits qui arnaquent de pauvres couillons avec leurs tireuses serveuse à pisse de chat gazeuse, le tout foutu en exergue sur le comptoir juste derrière l’entrée. C’est le même enfantillage que dans les cours de recréations où l’on cherchait à savoir qui avait le plus de billes ou de pogs. Bref, ces fils de riche pavanant leurs gros boulards m’ont toujours irrités. J’ai toujours préféré les œils-de-chats de toute façon. Les pépites aussi j’aimais bien ça. D’autre part, c’est quand même pratique d’avoir un comptoir où il est possible de commander au patron, accoudé, sans être gêné par trois-quatre serpents à tête attendant le moindre prémisse d’ouverture d’un canal de communication, la moindre vibration émanant de notre bouche pour y mordre sans vergogne.

Tout ça pour dire que le comptoir est bien agencé je trouve. Je commande avec le sourire trois Fines Mousses pour Cyril, Julien et moi. Tandis que Julien opte pour une petite IPA de chez Kernel, la fameuse British Touch Mousse à la mode en ce moment en France grâce à son arrivée récente dans l’Hexagone. Cyril décide de se barrer en Oregon pour aller voir ce que donne la brutale IPA de la brasserie Rogue. Pour ma part, fidèle au possible à la philosophie du « Boire local », je m’aguiche avec une Fine Mousse de la brasserie francilienne Outland. J’ai eu beaucoup de bons échos sur cette brasserie de Bagnolet.

On commande, on s’assoit et on nous porte à table nos trois Fines Mousses servies habillement dans le verre TEKU criblé « La Fine Mousse ». J’aime bien ce verre italien. Il est spécifiquement conçu pour déguster des India Pale Ales. Le brasseur de Baladin Théo Musso a carrément fait appel à un analyste sensoriel, Lorenzo Kuaska, pour fabriquer le TE-KU.

Tu l’attrapes par le pied pour pouvoir faire danser le vertueux qu’il convient tel une danseuse de cabaret. Face à l’excitation du spectacle, je sens Olga mousser de plus en plus et dégager une transpiration gracieuse. Quelle chance, nous quand on transpire, ça dégage plus une odeur de pied moisi qu’un doux parfum champêtre et floral. Sous les projecteurs, elle se déplace de droite à gauche sur la pointe des pieds, passe de l’ombre à la lumière entre les projecteurs, le tout guidé par le son de la trompette et du piano synthétique. Quelle danse merveilleuse, on a vraiment envie de s’approcher, de sentir son doux parfums de plus près, de l’embrasser abondement.

Commençons par approcher nos deux narines de son cou de girafe. Sentons ses parfums de fleurs des champs, ses arômes d’agrumes et de fruits jaunes, ses petites notes épicées. Boudiou, ça me donne des frisons, le haut de mes épaules se soulève et se met tout à coup à tournoyer comme s’il voulait lui aussi danser au rythme de cette musique jazzy. Dans la lancée de cette exalte, de cette poussée d’adrénaline, je me sens une âme fougueuse. Il est l’heure d’y plonger les lèvres, l’heure de se délecter de ses saveurs biscuitées savoureuses.

Je ferme les yeux et passe à l’attaque. Les deux secondes qui suivent sont un mélange d’éternel et d’éphémère. Tout se bouscule rapidement au portillon, chacun de mes sens est en ébullition. Seule mon regard est éteint, le reste jouit. Mes oreilles voient la musique s’accélérer brutalement, mon nez touche soudainement aux parfums de cette Fine Mousse et de cette atmosphère boisée, cuirée et chaleureuse, mes doigts sentent la douce fraîcheur du pied de mon TEKU, il le caresse avec l’envie foudroyante de lui faire tourner la tête. Enfin, ma bouche dévale une piste noire de Chamonix, se casse la gueule, se relève, a des frissons, a le ventre noué, caresse la neige, sent la fraîcheur sur mes joues glacée par l’atmosphère, cache des larmes d’adrénaline derrière mon masque.

Ouf, quelle émotion, je crois que je suis en bas de la piste !

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A propos de Thomas

Dès sa plus tendre enfance, Thomas a été un enfant choyé par ses proches et amis. Il est important de savoir que "Bartom", son pseudo, vient de sa fréquentation assidue des bars. Voir la description complète de Thomas→

2 commentaires to “Tiens, j’me ferais bien une Fine Mousse !”

  1. Adrienpodo a dit :
    novembre 22, 2013 at 9:34 pm

    Putain mec tu t’es laché grave !
    Et pour éviter que son tél « suce » pendant un voyage, faut le mettre en mode avion, sinon il cherche des antennes relais qui n’arrêtent pas de changer vu la vitesse du train et tu coup ça pompe un max 😉

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